David Bowie – Blackstar

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Le vendredi 8 janvier sera une journée noire à jamais gravée dans ma mémoire. Ce jour-là, je venais d’apprendre le décès d’un proche dans ma famille et bien évidemment j’étais terriblement affecté par cette disparition et en plus de cela, le nouvel album de David Bowie venait de sortir le jour de son 69ème anniversaire. A peine remis du décès de ce proche, j’apprends lundi en arrivant au bureau que mon idole David Bowie s’en est allé également, emporté par le cancer du foie. Alors forcément, je replonge dans la tristesse et la consternation.

David Bowie était un des derniers génies de la musique et forcément j’étais marqué depuis longtemps avec ses nombreuses périodes musicales comme de nombreux fans. De sa période Ziggy Stardust à sa période expérimentale, j’ai longtemps suivi la trajectoire de cet homme touche-à-tout qu’il soit glam rock, rock psychédélique, rock opéra, soul et électro et étais bluffé à chaque fois. Tout ce que touchait cet homme se transformait en génie et je regretterai amèrement de ne l’avoir jamais vu en concert. Bref, j’ai plus le temps de parler de ma tristesse face à la disparition de Ziggy Stardust car est venu la tâche ardue de décortiquer son ultime album Blackstar.

Son second album après son come-back réussi de 2013 (pour rappel, le prédécesseur était The Next Day) renoue avec les ambitions que possédait Bowie auparavant, à savoir créer un album-concept hors du commun. Inspiré par le désormais cultissime To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar, Blackstar renoue avec le jazz et l’art-rock… Mais même en écrivant ces lignes, je me rends compte à quel point ce mec était plus qu’un génie car il s’inspirait de ce qui marchait pour créer un chef-d’oeuvre à part entière. Je lance l’écoute de ce Blackstar avec un pincement au cœur et me voilà transporté dans une autre dimension.

Le morceau-titre durant 9 minutes ouvre les hostilités et implante une ambiance crépusculaire et interstellaire où la batterie électronique mène la danse accompagné de la voix spectrale de Bowie, des synthés futuristes et autres cordes frissonnants. Quelle belle entrée en matière. « ‘Tis A Pity She Was A Whore », qui fut connu par les fans de Bowie en 2014, a été réenregistré pour ce 25ème album et est un festival de free-jazz bordélique et menaçant où les cuivres s’en donnent à cœur joie. Pareil pour « Sue (Or In A Season Of Crime) » qui a été réenregistré pour Blackstar sous une version bien furieuse avec sa rythmique presque drum’n’bass, ses cuivres frénétiques et ses riffs de guitare fantasmagorique qui auraient pu faire office d’une bande-son d’un film d’espionnage.

Lorsque je me suis écouté Blackstar, je me disais et me répétais à chaque fois: « Putain, qu’est-ce qu’il était fort. J’arrive pas à croire qu’il ne soit plus là ». Et l’émotion était bien plus grande avec des monuments comme le prémonitoire « Lazarus » ou sans conteste la plus belle chanson que Bowie ait écrite depuis un bail. Ici, tout est parfaitement maîtrisé, que ce soit les guitares, les lignes de basse grondantes ou encore ces cuivres mortuaires et je vous épargnerai de transmettre les paroles de cette sublime chanson, ça me fait déjà mal. Dans le même registre, il y a aussi « Dollar Days » où le Thin White Duke se fait plus poignant avec, en prime un fiévreux solo de saxophone du plus bel effet. Le dernier titre « I Can’t Give Everything Away » aux sonorités eighties avec encore et toujours du saxophone et conclut avec maestria ce nouveau chef-d’oeuvre… Comme un dernier souffle.

L’homme aux mille visages montre qu’il a été encore une fois visionnaire et ce malgré ces 69 ans. Sur Blackstar, il réussit à allier électronique et organique, free-jazz, art-rock et inspirations électroniques. Je ne trouverais pas très judicieux de mettre une note à cette ultime album mais j’espère sincèrement que son oeuvre parmi tant d’autres touchera de nombreuses générations à venir, non seulement sur le plan lyrical (quasi-prophétique) mais surtout sur le plan musical.

Merci pour tout Bowie et repose en paix. Espérons que tu atteindras ton étoile noire qui te guide depuis et salue le Major Tom de ma part, tu vas me manquer.