Young Fathers – White Men Are Black Men Too

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L’édition 2014 des Mercury Prize aura été bien surprenante. Tellement surprenante. Alors qu’on s’attendait à ce que des groupes/artistes britanniques plus populaires comme Jungle, Damon Albarn, FKA Twigs ou encore Royal Blood qui remportent la récompense, ce sera au final Young Fathers, un trio sorti de nulle part. L’année dernière, le trio écossais avait présenté son premier album Dead et fut encensé par la critique. Un an après la surprise générale, ils remettent le couvert avec un second album White Men And Black Men Too, toujours sur le label britannique Big Dada.

Difficile de qualifier la musique de Young Fathers, si ce n’est qu’un mix hybride de hip-hop, de soul, de rock expérimental et de musique avant-gardiste. Un peu comme si TV On The Radio, Shabazz Palaces, The Streets et Arcade Fire se rencontrent tous en même temps, si vous voyez ce que je veux dire. Mais contrairement à leur premier opus, White Men Are Black Men Too (enregistré à Berlin) se rapproche de plus en plus vers des standards pop sans trahir pour autant leurs origines. La majorité des titres comme « Rain Or Shine », « Shame » et « Feasting » dégage une certaine tension, à coup de pulsations rythmiques et d’incantations caverneuses et qui contrastent aux morceaux plus soft comme « Sirens » et « Nest ».

Ici, Young Fathers aborde sans pudeur le thème du racisme, un thème désuet mais qui est tristement d’actualité. Suite aux assassinats injustes de Mike Brown, Eric Garner et aux émeutes de Ferguson et de Baltimore, hors de question pour le trio de rester silencieux et de se la jouer cool. C’est via des paroles percutantes et engagées qu’ils expriment leur rage (« I killed a man with my bare hands, please forgive me », sur « 27 » ou encore « I’m tired of playing the good black […] I’m tired of blaming the white man » sur le hip-hop énergique « Old Rock’n’Roll ») et leur permettant d’aller à l’essentiel des choses.

White Men Are Black Men Too confirme le talent de Young Fathers: les voix tantôt célestes tantôt solennelles se mélangent à merveille aux effets électroniques psychotiques ainsi qu’au groove puissant et imparable des titres faisant mouche, un peu comme « Dare Me » et l’explosif « Get Started ». Le fait qu’ils aient remporté le Mercury Prize l’an dernier est finalement justifié, et peut-être qu’ils vont remporter un second cette année, soyons fous…

Note: 8/10