Patrick Watson a frappé fort avec son album Adventures In Your Own Backyard en 2012 avec ses tubes « Lighthouse » et « Adventures In Your Own Backyard » qui ont fait chialer pas mal de chaumières et qui lui a valu une nomination au Polaris Music Prize la même année. Le Québécois a séduit beaucoup de monde grâce à sa pop de chambre lyrique et sa folk orchestrale qui ferait pâlir de jalousie un certain Bon Iver. Après un silence radio de trois ans, il est de retour avec un cinquième opus intitulé Love Songs For Robots plus conceptuel tout en restant attaché à son univers.
N’y voyez aucune référence à Everyday Robots, le premier album solo de Damon Albarn, mais il s’exprimera à ce sujet: « J’ai commencé à réfléchir de façon très mécanique. J’ai trouvé intéressant que nous utilisions nos sens pour créer une réaction émotionnelle. Avec l’âge on apprend à mieux se connaître et je me suis rendu compte que beaucoup de mes réactions émotionnelles étaient des réponses mécaniques ce qui m’a énormément influencé. Je ne voulais pas devenir un robot. Mais la raison pour laquelle nous sommes supérieurs aux ordinateurs est que nous avons des émotions, donc si mes émotions sont mécaniques, la seule chose qui reste entre les robots et nous est la curiosité et l’inspiration. Et ça je ne crois pas que l’on puisse le programmer. C’est vraiment de là que je suis parti lorsque j’ai débuté l’écriture de l’album. » Dès le morceau-titre, on comprend tout de suite où il veut en venir: dans la lignée de son prédécesseur, Patrick Watson tire son épingle du jeu avec une folk-rock douce aux arrangements soyeux et stratosphériques tout en poussant au loin la réflexion sur les joies et les peines provoqués par les nouvelles technologies.
Musicalement, on assiste à un travail d’orfèvre. Tout n’est que sensibilité et douceur dans cet album à la croisée de la folk, du blues, de la pop, des éléments jazzy (comme sur « Turn Into The Noise ») et quelque peu expérimental. Le musicien brille de mille feux avec son falsetto lumineux et bouleversant. Impossible de ne pas succomber aux sublimes envolées de « Good Morning Mr. Wolf », aux synthés planants et chœurs envoûtants sur « Bollywood » digne du meilleur répertoire de rock progressif ou encore à la douceur larmoyante de « In Circles » et « Alone In This World » qui nous donne l’impression de voyager d’un bord à un autre.
Tout ce que touche Patrick Watson se transforme en or, et il a encore frappé avec Love Songs For Robots. Avec un thème bien particulier mais traité à bon escient et une musique quasi-cinématographique et débordante d’émotions, c’était certain qu’il allait gagner à nouveau le gros lot. Si il y a un mot pour bien qualifier ce nouvel album, ce serait la délicatesse, chose qui se fait de plus en plus rare dans la musique et ça, Patrick Watson arrive toujours à la cerner.
Note: 8.5/10