Jamie xx – In Colour

cover600x600-15

Lorsque The xx a débarqué avec un premier album éponyme en 2009, c’était l’extase général. Des titres désormais cultes comme « VCR » ou encore « Chrystalised » leur ont permis de se hisser vers le haut des meilleurs groupes du moment. Ceux qui ont frissonné à l’écoute de leur premier opus l’auront toujours été avec le second opus Coexist en 2012. Trois ans plus tard, c’est un membre du groupe qui vient faire éclater ses prouesses en solo au grand jour: Jamie xx.

Bien que les autres membres du groupe possèdent un sacré talent et un sens inné de la mélodie, c’est bel et bien le prodigieux Jamie xx qui sort du lot. C’est à lui qu’on doit le succès de The xx, mais aussi des collaborations fructueuses (Drake, Alicia Keys…), des remixes légendaires (Radiohead, Adele, Four Tet…), l’étonnant album de remixes « We’re New Here » de feu Gil-Scott Heron ou encore le double single monstrueux « Far Nearer/Beat For » en 2011. Sa musique est à mille lieues de la dream-pop aérienne et mélancolique de son groupe et prouve qu’il est un incroyable touche-à-tout avec un premier album attendu comme le Messie nommé In Colour.

Selon lui, ce premier album est l’aboutissement de six années de travail et ça se sent parfaitement. Electro addictive à souhait, on retrouve tout le savoir-faire du bonhomme: sonorités caribéennes, rythmiques tantôt dubstep tantôt UK garage et samples vocaux vaporeux sont au rendez-vous d’In Colour. Dès le premier titre « Gosh », nous voilà hypnotisé par de basses ronronnantes et de rythmes dissociés et fracassants qui prendront de l’ampleur au fur et à mesure que le morceau avance avec l’arrivée de nappes synthétiques rendant le tout irrésistible. Le chaleureux « Sleep Sound », aux allures de Caribou, prend le relais et est remarquable pour son penchant pour le dancefloor.

Côté invités, nous voilà servis également avec ses acolytes de toujours The xx avec la double intervention de Romy Madley Croft sur l’excellent uptempo de « SeeSaw » (co-produit par Four Tet, ce qui explique pourquoi je clique sans arrêt sur le bouton Repeat) ainsi que sur le gospel mélancolique et magnifique de « Loud Places » (que vous avez pu entendre récemment au Grand Journal) contenant le sample de « Could Heaven Ever Be Like This » du batteur de jazz américain Idris Muhammad ainsi qu’Olivier Sim sur le ténébreux « Stranger In A Room » qui pourrait facilement trouver sa place sur le premier album du groupe. Plus surprenant encore, le chanteur de dancehall jamaïcain Popcaan et le nouveau fils de Birdman/nouvel ennemi juré de Lil Wayne, Young Thug nous divertissent avec le ragga « I Know There’s Gonna Be (Good Times) » (basé sur le sample de « Good Times » du groupe The Persuasions) à la fois décalé et ensoleillé comme un tube de l’été.

A l’image de sa pochette arc-en-ciel, il y en a pour tous les couleurs dans In Colour. Le côté ensoleillé se manifeste avec le tropical « Obvs » qui suit les pas de « Far Nearer » pour pas qu’on oublie tout l’amour qu’a Jamie xx pour les steel drums et les marimbas contrastant avec les très sombres et inquiétants « Hold Tight » qui brille pour sa montée en puissance électronique tout au long du morceau ainsi que la cinématographique « The Rest Is Noise » notable pour sa très bonne progression rythmique. Le hip-hop/disco instrumental et sensuel « Girl » se chargera de conclure cet incroyable patchwork musical multicolore sur une très bonne note.

Alors que je m’attendais à ce que Disclosure vienne m’enjailler cet été avec un second album qui paraîtra en septembre au final, j’ai du me rabattre sur In Colour de Jamie xx. Et il y en a pour tous les goûts sur ce premier opus: tantôt léger tantôt lourd, tantôt jovial tantôt mélancolique, il nous ressort efficacement toutes les facettes du bonhomme. Chaque réécoute est nécessaire car il permet de découvrir de nouveaux petits détails et provoquera alors une très grosse addiction. In Colour est donc un album incontournable pour l’été, voire même de l’année aussi bien pour les fins de soirée estivaux que pour les après-midis ensoleillées.

Note: 9.5/10