The Shoes – Chemicals

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S’il y a un groupe qui a parfaitement bien maîtrisé sa trajectoire musicale, c’est The Shoes. Le duo rémois composé de Guillaume Brière et Benjamin Lebeau était dans l’ombre pendant un petit bout de temps, de leur ancien groupe The Film en 2005-2006 au duo indispensable à la scène hexagonale. Producteurs pour Gaetan Roussel, Julien Doré ou encore le mal-aimé Woodkid à leurs heures perdues, ils ont connu le succès avec leur second album Crack My Bones en 2011 (le premier étant un album nommé Scandal ! sorti uniquement au Japon en 2009 et est donc très rare chez nous) avec le méga-tube « Time To Dance ». Mais voilà, de l’eau a coulé sous les ponts depuis et les joyeux lurons reviennent avec un second opus Chemicals.

Le jeune adolescent blond sur sa bicyclette sur la couverture en couleur de Crack My Bones a grandi et est maintenant devenu un jeune homme tenant un sac avec un poulet à l’intérieur et qui pose sur la pochette noir et blanc de Chemicals. C’est exactement la même chose pour la musique de The Shoes. Ne vous attendez pas à des hymnes ultra-festifs et gais à la « Time To Dance », ici on a affaire à du sérieux. D’ailleurs, le casting de Chemicals en jette: Petite Noir, Blaine Harrison, SAGE, Amateur Best, Postaal, et j’en passe… Je me souviens d’ailleurs sur Twitter (c’était aux alentours des attentats de Charlie Hebdo si ma mémoire est bonne), ils avaient dit que le premier morceau de l’album serait industriel et très agressif, donc ça va envoyer du lourd. Pourtant, on en est bien loin avec « Submarine » planant et psychédélique à souhait avec Elaine Barrison de The Mystery Jets et ses boîtes à rythme qui font sursauter l’auditeur. « Made For You » avec le chouchou Esser suit la même tendance électro-pop qui est agréable à écouter.

Pop, électro, techno, hip-hop, cold wave et même new wave sont mélangés pour en faire un deuxième opus qui oscille entre calme et tempête. Sur le complètement timbré « Drifted » avec SAGE (et son clip loufoque riche en GIFs de Dawson, Nabilla et Chuck Norris), The Shoes lorgne du côté de la trance des années 90 avec ses percussions abrasives nuancées par la voix douce et les arpèges de piano émouvants de SAGE. Plus loin, on retrouve « Us & I » avec (toujours) Esser résolument technoïde et tribal, « 15 Instead & Brown » au final surpuissant à la Chemical Brothers avec le rappeur british Mikill Pane ou encore l’électro/hip-hop très sombre de « Feel The Ghost » avec Amateur Best, Blue Daisy et Black Atlass. D’un autre côté, des titres plus légers sont à souligner comme les sonorités coldwave de « Lost In London » avec le phénomène Petite Noir, la pop aérienne aux breakbeats célestes (celui de « Think About It » de Lyn Collins) de « Vortex Of Love » avec Elaine Barrison à nouveau ainsi que le tube feel-good et dansante de Chemicals (oui, parce qu’il fallait bien un tube pour ça) qu’est « Give It Away » avec la révélation franco-londonienne Postaal.

Il suffit d’un « Whistle » aux allures house, seul titre sans featuring, pour clore de manière épique ce second album. Si Crack My Bones était remarquable pour son côté fruité, Chemicals est quant à lui plus dense et intense. Avec le recul, on aurait aimé une bonne prise de risque surtout avec la bonne réputation que l’on connaît du duo rémois mais il n’empêche que The Shoes gravit les échelons au fur et à mesure du temps qui passe.

Note: 7.5/10