St. Germain – St. Germain

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L’événement musical du 21ème siècle, c’est le come-back de St. Germain. Ok, j’exagère un peu mais ce come-back était totalement imprévisible, un peu comme celui de D’Angelo l’année dernière. Et dire que j’ai attendu 15 ans pour avoir une suite au cultissime Tourist. Et il faut dire que Ludovic Navarre fut un des pionniers de la deep-house et du nu-jazz et que suite à cela, après avoir composé la bande originale de Chaos en 2002, il a pris la poudre d’escampette…Pour mieux réapparaître en 2015 avec un troisième album éponyme, attendu un peu comme le Messie.

Comme il le souligne dans son interview chez Tsugi, le pionnier de la « French touch » a arrêté la musique afin de prendre une bonne pause. Lorsque l’envie d’en refaire lui redonne, il savait qu’il devait chercher de nouvelles sonorités plus organiques. C’est pour cette raison que sur ce nouvel album éponyme, il a délaissé quelque peu le nu-jazz pour chercher de l’inspiration du côté du Mali comme le morceau « Real Blues » révélé en juin dernier où on entend la voix samplée du bluesman texan feu Lightnin’ Hopkins et même du balafon. Sur « How Dare You », c’est celle du bluesman du Mississippi R.L. Burnside qui surgit d’outre-tombe.

Tout le monde le sait, le Mali est la destination musicale idéale pour les grands comme Damon Albarn car on a vu émerger Tinariwen, Amadou & Mariam, Mokobé entre autres. Ici, St. Germain convie le guitariste Guimba Kouyate ainsi qu’au n’goni et le joueur de kora Mamadou Cherif Soumano pour faire revivre la musique traditionnelle malienne mêlée au downtempo auquel il nous a toujours habitué sur les enivrants « Hanky-Panky » et « Forget Me Not ». Les voix de Zoumama Téréta, Nawaha Doumbia et de Fanta Bagayogo résonnent sur des titres comme « Sittin’ Here », « Voilà » ou encore « Family Tree » aux couleurs plus jazzy. Mais il n’oublie pas ses racines pour autant avec « Mary L. » qui nous donne envie de sortir les premières compilations de Saint Germain des Prés Café de nos vieux tiroirs.

Pour ceux qui douteraient, non St. Germain n’a pas perdu sa verve après 15 ans d’absence. Le vrai exploit, c’est qu’il nous n’a pas pondu un Tourist 2 mais a mené parfaitement sa transition musicale pour nous emmener très loin. Troisième chef-d’oeuvre intemporel d’affilé ? Chef-d’oeuvre c’est certain mais intemporel, il est encore trop tôt pour juger car il est juste tout frais. Mais ce disque, on le ressortira bien souvent de toutes manières. J’espère ne pas attendre encore 15 ans pour un quatrième album.

Note: 8.5/10