Big Red – Vapor

Big-Red-Vapor

Plus besoin de présenter Big Red, la moitié de Raggasonic. Non non, vraiment pas besoin que je vous rebalance son CV bien étoffé, ça me prendrait une plombe sinon. Depuis la parution du troisième album du groupe en 2012, le MC charismatique a multiplié de nombreuses collaborations notamment aux côtés de DJ Vadim. Puis au final, il a décidé de se réfugier à Tours, la ville où le reggae digital est en plein essor. On se souvient de la collaboration enflammée avec Biga* Ranx nommée « Sexy » sur l’album de ce dernier. Comme ça a bien marché, le duo a décidé de mettre en boîte dix titres ensemble pour un nouvel album solo de Big Red nommé Vapor, chez Brigante Records.

Le concept est simple: les dix morceaux sont produits par Telly, l’autre pseudonyme du singjay tourangeau Biga* Ranx. Et pour parler d’alchimie, c’est une sacrée putain d’alchimie que l’on a là. Si je devais qualifier cet OVNI musical, c’est un mélange de reggae digital, de dub lounge et de raggamuffin enfumé. Le flow incisif et millimétré de Big Red aka 9Jared se mélange parfaitement aux prods planantes et downtempo de Telly (Biga*Ranx), et le résultat fait son effet sur « Kill Kill Kill (Remix) ». Loin de l’original skank concocté par DJ Vadim, nous voilà en train de planer avec sa mélodie lounge futuriste avec une surdose de purple drank dans le sang.

Que ce soit l’inquiétant « MC » et le futuriste « Vapor Style », Big Red aka 9Jared impressionne avec son flow qui ne prend pas une ride et fait tomber dans les pommes les fuckboys, les bloodclats et autres métrosexuels déguisés en MC qui ont des millions de friends mais aucun ami. Plus souvent, il n’hésite pas à moduler sa voix comme bon lui chante en pitchant sa voix pour la rendre hyper grave (« Stone Head », « Screwmouraï »), le tout sur des instrus aériennes frôlant parfois le cloud rap mais en plus dub lounge. C’est là où je me dis que les PNL et autres SCH se font passer pour des amateurs à côté. Bah oui, quand on écoute le trillwave « Moi, ma gueule et ma sensi » ou encore le plus rythmé « J’aime pas les Nike » avec son flow qui fuse à 100 à l’heure, on peut dire qu’il fait de la « cloud-digitalmuffin » (néologisme que j’ai inventé, ne cherchez pas à comprendre). L’exemple le plus marquant est la reprise impressionnante de « La nuit je mens » d’Alain Bashung en version reggae digital qui aurait pu aussi figurer en Bonus sur Nightbird avec en prime la participation du tourangeau au micro.

Le dernier titre « J’ai pas le temps » est moins trillwave que les neuf autres morceaux avec son mélodica enivrant où je soupçonne Atili Bandalero d’être derrière la prod mais a le mérite de clore Vapor en toute beauté. Personnellement, j’apprécie beaucoup le nouveau style de Big Red mais j’aurai aimé une petite apparition de Biga* Ranx, de Prendy ou encore (soyons fous) Daddy Mory, ça aurait été plus monstrueux que ça l’ait déjà. Oui, je sais, je chipote. Mais ce nouvel album solo de 9Jared permet de voir l’étendue de son talent si l’on ajoute en plus la touche aérienne et originale de Brigante Records qui va avec. Bluffant.

Note: 9/10