Angel Olsen – My Woman

Angel-Olsen-My-Woman

Avec son second album Burn Your Fire With No Witness en 2014, Angel Olsen a connu la consécration. Tout le monde la considérait dès lors comme étant la nouvelle prêtresse de la scène indie folk américaine, coiffant au poteau ses concurrentes. Ses histoires sordides, sa voix fragile et ses compositions mélancoliques ont fait sa réputation mais cette année, elle teste ses limites avec ce troisième album My Woman où elle s’affirme enfin artistiquement parlant.

Le déclic a eu lieu il y a quelques années où un animateur radio a demandé à la native de St. Louis ce que cela fait d’être une « fille au fond du trou ». Blessée et furieuse, l’intéressé s’est emportée en lui répondant tout simplement: « Va niquer ta mère ». Bref, mieux ne vaut pas chercher la belle qui demande à ce qu’on la respecte, la preuve avec My Woman. Le premier titre spectral « Intern » donne directement le ton: « I don’t care what the papers say/ It’s just another intern with a resume ». Sous une pluie de synthétiseurs et autres sonorités 80’s, c’est une nouvelle Angel Olsen que l’on a là: plus libérée et plus aventureuse que jamais avec sa voix plus complexe qu’à l’accoutumée. Et c’est réussi !

Les autres réussites, justement, parlons-en. « Never Be Mine » (possédant quelque chose de « Be My Baby » de The Ronettes dans la composition) et « Heart Shaped Race » sont tout simplement des perles de pop 60’s tandis que l’excellent triptyque « Shut Up And Kiss Me » et son refrain implacable, « Give It Up » et « Not Gonna Kill You » feront pâlir de jalousie 99% de la concurrence indie rock adepte du revival des années 1990. On y croise même des influences soul avec « Those Were The Days », comme quoi Angel Olsen ne se contente pas qu’à un seul registre.

Vous ai-je parlé du meilleur ? Les épopées audacieuses dépassant les 7 minutes que sont « Sister » et « Woman » mettront tout le monde d’accord dès la première écoute, grâce à leurs compositions grandioses prenant son envol et comptant un final des plus flamboyants dont on ne ressort pas indemne. My Woman s’achève avec un titre des plus déchirants nommé « Pops », une sublime ballade piano/voix dédiée probablement à son père. Ce nouvel album, tout simplement son meilleur, montre l’incroyable métamorphose d’Angel Olsen. Fini les ballades folk lo-fi émouvantes aux histoires déprimantes, place à une véritable chanteuse/musicienne qui n’a plus froid aux yeux et qui n’aura pas fini de nous hanter. Femme de l’année ? Bien évidemment, soyons fous.

Note: 10/10