Okkervil River – Away

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En sept albums, Okkervil River a mis presque tout le monde d’accord pour ses compositions aventureuses et délicates. Il est vrai qu’on a parfois l’impression d’assister à un nouveau récit à chaque opus et il y a de quoi. Donc trois ans après The Silver Gymnasium, on avait tout de suite hâte à connaître la suite et elle est toute chaude: Away.

Le premier titre « Okkervil River R.I.P. » a de quoi avoir froid dans le dos. Okkervil River se sépare ? Pas vraiment non. Will Sheff, la tête pensante du groupe d’Austin, a viré son backing band et a recruté Jonathan Meiburg, les membres du groupe d’orchestre new-yorkais yMusic et Marissa Nadler, mais également Jonathan Wilson qui ne se contente que de mixer l’album (l’architecte musical du désormais classique I Love You, Honeybear de Father John Misty). Et bien entendu, l’heure n’est pas à la joie notamment parce que Will Shelf n’a pas connu des années glorieuses en raison du décès de son grand-père mais se remémore aussi les décès de Judee Sill et des membres du groupe The Force Mds. Ce morceau aux sonorités jazzy ainsi que la superbe ballade folk « Call Yourself Renee » symbolisent à eux deux l’ambiance sombre et pessimiste d’Away.

A côté de ses ritournelles mélancoliques interviennent quand même quelques moments plus endiablés comme « The Industry » et « Judey On A Street » qui font furieusement penser à du Arcade Fire par moments et la voix de Will Sheff se fait plus passionnante qu’à l’accoutumée. Quand l’indie folk sophistiqué et lumineux rencontre des sonorités jazz, pop baroque et de musique classique, ça donne toujours de grands moments qui dépasse largement les 5 minutes (à l’exception faite de « The Industry » et l’étincelant « Comes Indiana Through The Smoke »): l’exemple parfait est « She Would Look At Me » où, pendant 7 minutes, on navigue dans les eaux de Townes Van Zendt sans soucis. Et chaque morceau qui se succède fait grimper au fur et à mesure l’intensité et l’émotion et cela atteint son paroxysme sur le final qui fera pleurer pas mal de chaumières intitulé « Days Spent Floating (In The Halfbetween) » qui convoquera plutôt le spectre de Nick Drake. Assurément un des plus beaux finaux du répertoire d’Okkervil River à ce jour et je vous défie de ne pas pleurer sur ce morceau.

Ne vous fiez donc pas au premier titre de l’opus, on assiste plutôt à une renaissance du groupe. Will Shelf, qui a également produit ce Away, a su coucher sur papiers tous ses sentiments de la façon la plus incroyable qu’il soit et nous offre un huitième album totalement à la fois intimiste et sublime.

Note: 8.5/10