La Femme – Mystère

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Il y a tant de choses à dire sur La Femme, mais tellement tellement de choses. Le groupe qu’on adore détester (ou qu’on déteste adorer au choix) a frappé fort avec un premier album Psycho Tropical Berlin en 2013. Et bien sur, on adorait fredonner les « Sur le sable », « Anti-Taxi » etc et depuis s’est fait taxer (à tort ?) de « groupe pour bobos ». Ça n’a pas empêché pour le gang de Biarritz d’enflammer les concerts pendant un bon bout de temps. Trois ans plus tard, le sextet remet le couvert avec un second opus nommé Mystère et se voit déjà la tâche de faire encore plus fou que son grand frère. Pari réussi ?

Et bien sur, on retrouve ce fabuleux mélange de pop psychédélique, de post-punk, glam et de chanson française yéyé qui ont fait leur réputation. A la différence de Psycho Tropical Berlin, c’est que La Femme a affiné son son et a laissé de côté les boîtes à rythmes pour une batterie pure et aime jouer avec les ambiguïtés (notamment sur la pochette so Magritte où on imagine voir une chatte au milieu de la chevelure rousse et non, j’ai pas l’esprit pervers…). L’entrée en matière est plutôt réussie avec un « Sphynx » bien mystique et la ballade désabusée « Le vide est ton nouveau prénom » chantés par Clémence. Bienvenue dans l’univers psychédélique du sextet biarrot-parisien.

Et très vite, on commence à bouger avec le surf-rock yéyé léger de « Où va le monde ? » à coups de questions existentielles importantes et du garage bien énervé de « Tatiana » traitant des sujets plus graves. Plus loin encore, on part en virée nocturne dans les rues parisiennes plutôt moites et sombres à l’image du trip disco-rock sous acides de « SSD » aux côtés de Marlon et Sacha. On sent directement que La Femme s’autorise plus de liberté créative par rapport à Psycho Tropical Berlin (les accents hip-hop et les scratches de « Exorciseur ») même si il est vrai que ça peut virer à du n’importe quoi par moments (quelle idée de faire une chanson sur les mycoses ? Sérieusement Clémence…). Mais généralement, il est plus envoûtant que son grand frère, à l’image de la ballade nostalgique de « Septembre » qui lève le voile sur la génération Y en perdition face à la société actuelle ou encore la sublime triptyque qu’est « Tueur de fleurs » ou encore les accents orientaux de « Al Warda » (où Clémence chante quelques phrases en arabe) et de « Psyzook ». « Vagues », véritable épopée de 13 minutes, viendra clore ce Mystère à coups de bruits de vagues justement et de la voix sensuelle féminine qui plane au dessus quand soudain la tempête vient s’agiter à coups de reverbs et de guitares fuzzy bien agressives avant un retour au calme vers la fin du morceau. Et comme ils aiment bien nous gâter, ils nous réservent une autre surprise nommée « Always On The Sun » aux accents synthpop et surf-pop, seul titre chanté en anglais.

Donc oui, la hype autour de La Femme est justifiée et pourtant je ne suis pas un fervent défenseur de ce groupe pour bobos. Mais toujours est-il qu’il s’agit de l’un des groupes français indés (soutenu discrètement par Born Bad Records) qui ont réussi à se faire une réputation bien au-delà de l’Hexagone, que cela nous plaise ou non. La preuve, ils font la première partie des Red Hot cette année, ce qui n’est pas rien. Quoi qu’il en soit avec Mystère, ils ont réussi le cap du second album plus envoûtant et moins foufou que son prédécesseur. Marlon Magnée et Sacha Got ont affirmé vouloir peaufiner ce second opus pendant six mois supplémentaires, ce qui rend le disque plus travaillé et plus dense au final.

Note: 8/10