Ian Sweet – Shapeshifter

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Voici Ian Sweet, un groupe récemment signé sur le label de Seattle Hardly Art. Le trio est constitué de Jilian Medford (chant, guitare) originaire de Boston mais basé à Brooklyn aux côtés de ses acolytes Damien Scalise (basse) et Tim Cheney (batterie) qui rejoindront la demoiselle plus tard car ce fut son projet solo où elle composait ses démos avec un laptop et une guitare. Après une poignée d’EPs, le trio s’apprête à rentrer dans la cour des grands avec un premier album Shapeshifter pour le moins surprenant.

Contrairement aux autres groupes signés sur le label comme Chastity Belt et autres Tacocat, Ian Sweet écrit des chansons sérieuses et plus réalistes, ce qui n’empêche pas d’être excellent. Shapeshifter est un premier opus tellement bien structuré qu’il s’ouvre et se ferme sur un « Pink Marker » aux arpèges de guitare et à la voix gracieuse de Jilian Medford. Dès lors, nous avons affaire à de l’indie rock pur et dur aux accents garage et lo-fi avec ses distorsions de guitare bien foutus et à une section rythmique robuste comme le prouvent les morceaux comme « Slime Time Live » ou encore les plus mélodiques « #23 » (qui est une référence au maillot n°23 du mythique Michael Jordan) et « 2Soft2Chew » qui montrent tous les talents de compositrice de Jilian Medford.

Le plus frappant de cet album, c’est bien évidemment les textes de la demoiselle qui retranscrivent sa récente dépression et ses anxiétés suite à une relation abusive. On y décèle une demoiselle complètement perdue et déboussolée face à sa vie par rapport aux différents traumatismes qu’elle a vécu, notamment sur l’épopée noisy « Cactus Couch » où elle nous chante, après avoir respiré un bon coup, un: There is nothing wrong with me, but everything is wrong with me, everything is wrong with me » ou encore « “There is nothing wrong with me but portion control and quality/ I’m always hungry, but I never eat anything but candy ». Mais la façon dont elle nous raconte son mal-être et sa vulnérabilité retient rapidement notre attention sans que l’on sache pourquoi, notamment sur les arpèges de guitare déformées de « Knife Knowing You », les accents 50’s de « All Skaters Go To Heaven » (« That’s a little exciting to die by your side », murmure-t-elle) ou encore la grandiose « Quietly Streaming ».

Avec les textes intimistes et frappants de Jilian Medford et les compositions percutantes, Ian Sweet a réussi haut la main le cap du premier album. Shapeshifter est un manifesto indie rock comme on en fait plus et le trio de Brooklyn met en avant son talent pour nous impressionner pendant 40 minutes. Attendons maintenant et patiemment leur percée dans l’Hexagone.

Note: 8.5/10

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