Leonard Cohen – You Want It Darker

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Nota bene: Cette chronique a été rédigée fin octobre/début novembre et a été mise à jour en décembre 2016, soit bien avant le décès tragique et douloureux de Leonard Cohen. Il fera parti de nombreux artistes qui nous a quitté cette année et j’ai bien évidemment un pincement au cœur surtout à l’écoute de son dernier chef-d’oeuvre qu’est ce You Want It Darker. Je n’ai pas trouvé très judicieux de mettre une note à ce très bel album comme Blackstar de David Bowie en tout début d’année. Qu’il puisse reposer en paix.

Présenter le grand Leonard Cohen en 2016 est tout bonnement exagéré. L’auteur-compositeur-interprète et poète canadienne de 82 ans n’a tout simplement plus rien à prouver. Cette année, il décide de frapper fort avec son quatorzième opus You Want It Darker sonnant plus comme un chant de cygne qu’un album habituel de l’artiste.

Le petit frère de Popular Problems a tout d’un album ultime de la part de Leonard Cohen. Il suffit d’écouter le premier titre solennel où les chœurs graves et l’orgue funeste habillent le tout avec élégance. Et ici, il s’adresse directement avec sa voix grave venue d’Outre-Tombe à Dieu disant qu’il est prêt à mourir (« I’m ready my Lord »). Vu que le poète tourmenté a perdu sa muse Marianne (je vous conseille de lire sa touchante lettre d’adieu en juillet dernier), il n’a désormais plus peur de la mort et est prêt à attendre paisiblement son heure final et voilà qui implante l’ambiance générale cet opus enregistré avec la chorale de la synagogue Shaar Hashomayim à Montréal.

Il est question d’histoires de fantômes sur la complainte jazzy de « Treaty » avec un coda bien plus poignante avec ses cordes frémissantes sur « String Reprise / Treaty » placé en fin d’album ou d’éternelles questions existentielles tourmentant l’artiste depuis belle lurette sur le gospel macabre de « On The Level » à travers ce You Want It Darker. Et c’est ce qui le rend bouleversant de bout en bout. On plonge dans la psychologie noire et tourmentée de son auteur où il essaie de se repentir sur des morceaux sombres mais incroyablement bien orchestrés à l’image de « Travelling Light » typiquement cohenien dans ses arrangements, la ballade bluesy de « If I Didn’t Have Your Love » et de « It Seemed The Better Way » où il établit un bilan de sa vie où il relate ses joies, ses peines, ses petites victoires et ses moments de désillusion.

Produit aux côtés de son fils Adam, Leonard Cohen a signé un sublime album teinté de spleen et de mélancolie profonde. You Want It Darker s’avère comme un tournant dans la carrière de l’artiste car il expose tout son pessimisme et ses maux à travers ces neuf compositions crépusculaires mais divines. Si il vient à quitter ce monde un jour comme l’a fait Bowie avec son ultime Blackstar en début d’année, on retiendra cet opus parmi l’un des plus grands disques du canadien.