Last Train – Weathering

Il aura fallu de peu pour que Last Train soit considéré comme un des nouveaux espoirs du rock’n’roll à la française. Beaucoup ont découvert le quatuor originaire de Mulhouse sur scène deux ans plus tôt qui a sillonné les routes de France jusqu’en Europe de l’Est. Il fallait également attendre l’EP Fragile en octobre 2016 pour faire monter la pression et six mois plus tard, ils sont prêts à lâcher les hostilités pour de bon avec le fracassant Weathering, leur premier album.

Jean-Noël Scherrer (chant, guitare), Julien Peultier (guitare), Timothée Gérard (basse) et Antoine Baschung (batterie) continuent de battre le fer tant qu’il est encore chaud avec leur rock ténébreux et énergique digne de Black Rebel Motorcycle Club, à l’instar de l’ouverture blues-rock bien agressif du nom de « Dropped By The Doves ». Les gros riffs de guitare bien crasseux sont présents tout comme la voix éraillée de Jean-Noël qui n’hésite pas à se ranger du côté de Kelly Jones de Stereophonics, tout ça pour un parfait cocktail. Ainsi, on est bien servi avec des monuments bien heavy comme l’explosif « Never Seen The Light », « Between The Wounds » ou encore les influences stoner à la Queens of The Stone Age sur « Way Out » avec un solo de folie.

Mais là où Last Train réussit son exploit, c’est via des morceaux plus longs comme « Jane » (rien à voir avec la saga du duo EPMD) où pendant près de 8 minutes les distorsions de guitare, les grosses basses et autres larsens sont lâchés sans oublier le chant déchirant de Jean-Noël qui complète le tout. On peut en dire autant pour les autres monuments tels que le ténébreux « Fire » ou encore le solennel « Time » qui fait intervenir une orgue solennelle avant de revenir sur des bases rock bien brûlantes. Les quatre mulhousiens maîtrisent parfaitement leur art et savent balancer aussi bien du son costaud et sale (« Cold Weather ») que des morceaux plus nuancés (le Fender Rhodes sur « House On The Moon » et le piano sur la pop-song parfaite nommée « Sunday Morning Son »).

Avec ce premier album, Last Train remplit le contrat avec brio et continue à nous faire plaisir avec le rock bien ténébreux et efficace comme on aime. Ceci dit, avec tous les efforts de Jean-Noël Scherrer, son interprétation manque parfois quelque peu de rage et de noirceur pour rendre le tout beaucoup plus explosif qu’il ne l’est déjà. Quoi qu’il en soit, Weathering place la barre très haute en matière de rock hexagonal pour cette année.

Note: 8/10

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