Gorillaz – Humanz

Ça avait été annoncé depuis un bon bout de temps mais Gorillaz est officiellement de retour. Sept ans après leur quatrième album The Fall, le groupe virtuel mené par Damon Albarn et Jamie Hewlett a été bien silencieux pendant un bon bout de temps. Il faudra attendre 2014 pour que le britannique nous dévoile son calendrier digne de celui de Marvel avec l’arrivée du nouvel album surprise de Blur en 2015 (chroniqué ici), de The Good, The Bad & The Queen (qu’on attend encore aujourd’hui) et de Gorillaz qui est enfin là et qui est intitulé Humanz.

2D, Murdoc, Noodle et Russel sont de retour pour nous jouer un mauvais tour. Cela fait depuis 2010 qu’on était sans nouvelles de notre supergroupe préféré et forcément, lorsqu’ils annoncent leur grand retour, ils ne font pas les choses à moitié en annonçant la création d’un festival au milieu d’un parc d’attractions nommé Demon Dayz en juin (qui espérons ne sera pas aussi catastrophique et bordélique que le Fyre Festival aux Bahamas) pour promouvoir ce nouvel opus qu’est Humanz. Et justement parlons du contenu de ce cinquième opus attendu en grande pompe. Damon Albarn a affirmé qu’il s’agit d’une playlist de fête de fin du monde où le monde parvient à entrer dans une phase la plus sombre de son histoire. Vous savez pourquoi, je ne vais pas vous faire un dessin.

Et pour ce faire, un gratin d’invités se partage le gâteau que ce soit dans le monde du hip-hop avec le rappeur californien Vince Staples qui lance les hostilités sur l’énergique « Ascension » faisant suite à l’introduction « I Switched My Robot Off » (verrait-on une allusion à Everyday Robots, album solo de Damon Albarn en 2014 ?), les légendaires De La Soul (ou plutôt Posdnuos) sur l’hymne technoïde à prendre ou à laisser de « Momentz » (avec la participation de Jean-Michel Jarre), le déjanté Danny Brown lance un couplet maniaque sur « Submission » aux côtés de la chanteuse R&B Kelela et des prouesses guitaristiques de Graham Coxon (si si !) ou encore Pusha T qui livre un virulent pamphlet anti-Trump sur « Let Me Out » avec les harmonies intacts et impeccables de la légendaire Mavis Staples.

Humanz, par sa thématique sombre, convie également le monde du R&B et de la soul avec le prometteur Peven Everett sur le dansant « Strobellite », la révélation R&B D.R.A.M. effectue quelques ad-libs sur le très bon « Andromeda », Anthony Hamilton sur l’ambiance de fête foraine lugubre de « Carnival » ou encore le gospel sombre de « Hallelujah Money » chanté par la voix sombre de Benjamin Clementine dévoilé en janvier dernier et qui tombait pile poil pour le jour de l’investiture de l’Agent Orange. D’autres invités de marque sont à souligner comme la légendaire Grace Jones qui lâche quelques phrases sur l’électro atypique de « Charger », Popcaan qui est présent pour un hymne reggae nommé « Saturnz Barz » ou encore Jehnny Beth de Savages qui lâche des « On a le pouvoir de s’aimer, okay ? » (je vous vois venir avec vos vannes sur: « Hey, j’suis pas venue ici pour souffrir okay ? ») sur la conclusion qui se veut fédératrice mais trop candide nommée « We Got The Power ».

Et 2D dans tout ça ? Et bien, il est en retrait par rapport à ses invités qui lui volent la vedette mais il a le droit à avoir un seul morceau solo qu’est la ballade aérienne qu’est « Busted and Blue » pleine d’émotions. Et c’est justement un des problèmes majeurs de ce Humanz. On saluera la démarche de vouloir créer une playlist de fête de fin du monde mais il manque un fil conducteur et le tout peut s’avérer bordélique par moments avec des interludes qui sont vraiment inutiles (excusez du peu) et une poignée de morceaux plutôt brouillons, le tout par la voix de Damon Albarn quasi en retrait. Là où les précédents chefs-d’oeuvre Demon Days et Plastic Beach ont brillé pour leur cohérence et leur homogénéité, Humanz part dans tous les sens et la qualité paraît assez inégale et ce, malgré de nombreuses écoutes répétées.

Note: 6/10

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