Biga* Ranx- 1988

Biga* Ranx est devenu la référence en matière de dubadub à la française, ça tout le monde le sait. Après avoir explosé les compteurs avec son excellent album Nightbird (chroniqué ici), le singjay de Tours a multiplié les tournées ainsi que les collaborations notamment avec Big Red son excellent album Vapor (chroniqué ici). Fort content du virage qu’il a pris sur son dernier album, il décide de passer à la vitesse supérieure avec son nouvel opus 1988 qui devait s’intituler Sniff au départ.

L’année dernière, Biga* Ranx nous a balancé un nouveau morceau « Liquid Sunshine » qui a tourné en boucle sur les ondes de Radio Nova. Produit par Blundetto, ce titre reggae lounge et planant annonçait la couleur de ce quatrième album très personnel et diversifié. Le programmateur de Radio Nova est un des principaux architectes musicales de cet opus car il produit quelques autres perles comme le stepper lounge « Low Grade » ainsi que « French Fries ». Vous ne retrouverez ni Manudigital ni Olo parmi les autres beatmakers mais par contre, on retrouvera son frère Atili Bandalero qui produit le planant « Contrebande » où le tourangeau chante en français sur une instru que n’aurait renié les PNL et compagnie. Hormis cette liste de producteurs, Biga* Ranx assure à lui seul les instrus sous son pseudonyme Telly à l’aide de son synthétiseur OP-1 pour nous concocter des riddims enfumés et oniriques comme « Homegrown » et « Rendez Vous » ou encore « My Face » et « Life Long » qui, eux deux, se rapprochent des débuts du Tourangeau artistiquement parlant.

Comme on a pu le découvrir sur l’album Vapor et, dans une certaine mesure, sur Double Trouble de  la badass Supa Mana (ici), son univers flirte de plus en plus avec la trap et le cloud-rap comme sur le trip en français de « Contrebande » et il aura recours à l’Auto-Tune (qu’on le veuille ou non) sur « Do My Ting » par exemple. Les guests ne sont pas en reste non plus avec le trio qu’on adore détester L.E.J. qui, heureusement, ne chantent que le refrain (curieusement réussi) de « Monday » avec en prime Akhenaton qui ne semble pas très à l’aise dans cet exercice de cloud-digitalmuffin. L’écurie Brigante Records est aussi présente avec le crooner Prendy et le joueur de mélodica Art-X sur le sublime « Tropic Sky » avec le flow ultra-rapide de Ruffian Rugged qui défie la vitesse de la lumière tout comme Big Red aka 9Jared qui est comme un poisson dans l’eau sur l’instru aérienne de Blundetto nommé « Veleda ». On retrouve même du hip-hop pur et dur avec l’apparition d’un certain Bifty sur « Petit Boze » ainsi que sur la conclusion bien punchy résolument 90’s nommée « Lazer Beam ». Y verrait-on une autre transition dans la trajectoire musicale du Tourangeau ?

Il est clair que 1988 s’avère moins ambitieux que Nightbird mais Biga* Ranx continue sur sa lancée en nous envoyant des riddims spatiaux et planants quelque peu mélancoliques. Ajoutant des couleurs cloud rap, trap et vaporwave dans son lounge dub, il continue de creuser son propre sillon afin de démontrer son originalité infaillible.

Note: 7.5/10

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