Blue Hawaii – Tenderness

La scène électro-pop de Montréal est assurément des meilleures scènes du moment avec Grimes, Purity Ring ou encore Blue Hawaii. Et c’est justement à ces derniers que l’on s’intéresse car cela faisait depuis 2013 qu’on attendait vivement une suite à leur prometteur premier album Untogether. Le duo formé de Raphaelle Standell-Preston (également membre du groupe Braids) et d’Alexander Kerby s’était séparé pour vaquer à leurs occupations respectives avant de revenir en forme cette année avec leur second disque Tenderness.

Si Untogether fut un disque de rupture du duo, Tenderness est centré sur l’après-rupture mais n’est pas pour autant un disque badant. Bien au contraire. Ici, on vire totalement dans des influences house, dance des années 1990 et disco (des influences qui ont eu un déclic pour Alexander Kerby qui a totalement baigné dans cette culture club tandis que Raphaelle Standell-Preston tournait avec son groupe Braids pour leur dernier album) avec des morceaux efficaces et jamais ringards comme « Free At Last » très groovy, « No One Like You » qui est une intéressante relecture du standard de Kenix et Bobby Youngblood ou même « Versus Game » qui nous ramène trois décennies en arrière et autres « Belong To Myself » se rapprochant du style de Santigold.

L’album est certes dansant mais n’oublie pas ses moments plus contemplatifs avec les morceaux quasi trip-hop comme « Younger Heart » et « Make Love Stay » sans oublier « Blossoming From Your Shy » où l’interprétation de Raphaelle Standell-Preston nous laisse sans voix tout comme les arrangements majestueux de « Do You Need Me » avec ses cordes signés Owen Pallett. La pochette de l’album montre le duo assis côte à côte en train de checker leurs smartphones respectifs. Et c’est exactement le thème général de ce Tenderness: la fin d’une relation amoureuse via Internet et la difficulté de se sentir proche de quelqu’un lors de la relation à distance. On y retrouve cinq interludes qui illustrent parfaitement ce thème dont un nommé « Big News » où la tante de la chanteuse laisse un message sur son répondeur lui annonçant la mauvaise nouvelle. Cet interlude peut paraître cynique et satirique mais caractérise parfaitement bien notre génération actuelle, celle qui cherche à être à la fois connecté au monde réel et virtuel en même temps.

Note: 8/10

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