Brome – Grand Bois

On a souvent tendance à passer à côté de Brome et c’est pourtant un sacré side-project à la française. Il s’agit du musicien multi-instrumentiste Timothée Demoury, né dans une contrée vitricole, grandi en Afrique et résident désormais à Berlin, qui a décidé de se lancer dedans et cela fait maintenant depuis maintenant cinq ans. En 2012, il a sorti un premier album du nom de La crue suivi de l’EP Paar Songs l’année suivante et après quatre années de silence radio et de voyages en tous genres, le voici de retour avec son second opus nommé Grand Bois.

Partagé entre spoken-folk, indie rock et french pop digne de Dominique A, le Grand Bois de Brome se veut être un road-trip ou voire mieux une contemplation, une exploration. Si on en croit la press release: « Grand bois c’est la mélancolie d’une solitude volontaire entrecoupée de rencontres : pas moins de neuf musiciens venus d’horizons différents ajoutent leurs touches aux arrangements (acoustiques comme électriques). Grand bois – dans le vaudou haïtien – est un lieu de culte, un Lwa élémentaire, ainsi qu’un esprit associé aux végétaux. Comme le suggère la photographie de Nicola Lo Calzo choisie pour la pochette de l’album, la mort nous accompagne, elle est inscrite en nous, alors partons explorer ce qui échappe au regard et se tient à l’orée de nos consciences : un univers enfoui, troublant, peuplé d’esprits dont on ne sait s’ils sont protecteurs ou menaçants. Grand bois est une cérémonie vaudou espionnée au fin fond d’un bayou, une expérience simultanément inquiète et heureuse ». Voilà le tableau. Et pour ce faire, Timothée Demoury a privilégié les textes en français pour mieux nous impressionner avec ses récits mystiques et prenants à travers des morceaux de bravoure comme « La cité » et le poétique « Tu veux mourir ».

Partagé entre le chant et le spoken-word pur et dur, Timothée Demoury nous saisit par chaque mot, chaque phrase et chaque péripétie qu’il balance sur son carnet de voyages notamment sur « Kin la belle », « Taurus Makasi » ou encore « Ce soir particulier ». Musicalement parlant, le musicien multi-instrumentiste sait se montrer habile. Tout en gardant ses inspirations rock, il n’hésite pas à rajouter quelques couleurs world à travers ces multiples transes musicales qui nous hypnotisent (présence de marimba, steel drum, kalimba, clarinette, contrebasse, vibraphone…). Se faisant aussi bien éthéré (« Endors mes peurs », « Bleu lagon ») qu’étouffant et prenant (« Le brasier des parcelles »), il n’hésite pas à reprendre un traditionnel cajun nommé « Pa’ Janvier » pour accentuer ce côté métissé de Grand Bois. Après une conclusion en guise de libération nommée « Vers le Sud », Brome nous invite indirectement à communier avec la nature à coup de guitare et de chants d’oiseau avec toujours cette voix particulière qui nous glace le sang. Ce nouvel album incroyablement philosophique est une expérience inouïe qui nous donne un nouvel élan ou plutôt devrais-je dire, nous donne l’envie d’aller de l’avant, « métaboliser les influences et cheminer sur une voie de traverse qui n’appartient qu’à lui ».

Note: 8/10