Sharon Jones & The Dap-Kings – Soul Of A Woman

Quelques jours après que Donald Trump fut annoncé comme étant futur président des Etats-Unis, deux grands actes de la musique décèdent brutalement: Leonard Cohen et Sharon Jones. Cette dernière qui est assurément une des plus grandes divas de la soul se plaignait des résultats des élections pendant plusieurs jours selon certains témoignages. Tout ceci a entraîné la réactivation de son cancer du pancréas qui lui a été diagnostiqué des années plus tôt et qui finira par l’emporter en ce funeste jour du 19 novembre 2016. Une des principales voix du label (quasi-mortuaire) de Daptone Records s’en est allé et a laissé un grand vide à la soul, surtout lorsque son collègue Charles Bradley s’en est allé en septembre dernier également. Mais afin de faire un véritable adieu en grâce, le label décide de publier son ultime album posthume intitulé Soul Of A Woman qui fut achevé peu avant son décès.

A l’écoute de cet opus, beaucoup de frissons nous parcourent l’échine tant on reste profondément émus par son interprétation toujours aussi magistrale qui fait mouche comme des titres profondément vintage comme « Matter Of Time », « Sail On ! » ainsi que les revigorants « Rumors » et « Pass Me By ». Encore une fois, on ne peut que s’agenouiller sur les arrangements du très grand Gabriel Roth ainsi que ses Dap-Kings toujours aussi talentueux donnant l’impression de revivre la belle époque de la soul des années 1960-1970 mais version 2.0 et ça fait son bel effet sur « Searching For A New Day », « Just Give Me Your Time » ainsi que « Girl ! (You Got To Forgive Him) » où elle joue le rôle de la BFF qui tente à tout prix de réconforter sa pote après que son amoureux lui ait fait des coups de crasse.

Le plus magique sur Soul of a Woman, c’est que l’on peut déceler différentes personnalités chez notre regrettée Sharon Jones. Qu’elle soit romantique (« When I Saw Your Face »), touchante (« These Tears (No Longer For You) » ou même optimiste et source de motivation (« Come And Be A Winner »), on a l’impression d’avoir affaire à une sœur, une amie fidèle à laquelle on peut se fier quel que soit les circonstances. La conclusion poignante et presque spirituelle du nom de « Call On God » a de quoi provoquer un pincement au cœur lorsque l’on réalise qu’elle n’est plus parmi tout. En somme, cet ultime opus est un magnifique testament d’une grande dame de la soul contemporaine qui aura bouleversé des générations entières. Rien que pour ça, on a envie de lui dire: merci pour tout.