U.S. Girls – In A Poem Unlimited

Avec son album précédent Half Free sorti en 2015 (pour rappel, chroniqué ici), Meghan Remy alias U.S. Girls prouve qu’elle reste une des artistes les plus douées de sa génération. Sa pop expérimentale et protéiforme continue de faire des ravages et bien évidemment, ses messages passent toujours de façon fluide et avec le sourire. Sauf que là, il n’est plus question de sourire car la mamzelle se fâche tout rouge et nous montre de quel bois elle se chauffe sur In A Poem Unlimited.

Comme 99% du reste du monde entier, Meghan Remy reste estomaquée face aux infâmes élections américaines. Se revendiquant féministe à 200%, le fait de voir un FDP de psychopathe siéger à la Maison-Blanche lui refile l’urticaire. Ainsi avec l’aide du collectif canadien The Cosmic Range, U.S. Girls laisse parler sa rage parfaitement dissimulée sous une collection de morceaux pop raffinés et entraînants comme « Velvet 4 Sale » et « Rage of Plastics » avec son saxophone bien bavard.

Durant ces onze titres, elle crache sur la société patriarcale qu’elle a de plus en plus mal à supporter avec les violences conjugales et autres injustices infligées aux femmes et aussi le fait que le monde soit plus tourné vers la guéguerre ridicule entre le golmon et son homologue coréen que des vrais problèmes. Pour faire court, elle est « M.A.H. » (pour « mad as hell ») derrière sa production discoïde doucement vintage. C’est avec des morceaux arty et parfaitement bien ciselés comme « Rosebud » mi-Chromatics mi-Madonna des années 1980, l’urgent « Incidental Boogie » faussement boogie avec ses guitares alarmantes mais encore les accents jazz-rock synthétiques de « L-Over ».

Au niveau arrangements et inventivité musicale, U.S. Girls n’a rien à se reprocher car là voilà en train d’élargir sa palette musicale comme il se doit avec les sonorités R&B/hip-hop des années 2000 du très smooth « Pearly Gates » mais encore de l’immense conclusion intitulée « Time » aux airs de krautrock avec sa basse irrésistible et ses percussions endiablés qui nous mettent en transe pendant moins de 8 minutes et qui figure parmi les compositions les plus raffinées de la canadienne. En tout cas sur In A Poem Unlimited, Meghan Remy continue à prêcher la bonne parole féministe surtout dans une période de crise mondiale où des mouvements comme #MeToo et #BalanceTonPorc sont prêts à changer la donne comme il se doit. Un disque que le monde se doit d’écouter religieusement.

Note: 10/10