Edmony Krater – An ka sonjé

Il aura fallu attendre la réédition de son mythique album Ti jan pou vélo pour que l’on puisse redécouvrir tout le talent que possède Edmony Krater. Surnommé le Sun Ra de la Guadeloupe, le chanteur, percussionniste avant-gardiste et trompettiste (paie ton CV d’enfer) avait collaboré dans le passé avec le regretté Claude Nougaro mais on s’est réellement intéressé à son art grâce au label parisien Heavenly Sweetness qui a eu la brillante idée de le mettre sous un piédestal. Trente ans après son dernier disque, il nous présente son nouvel album intitulé An ka sonjé.

Ce que l’on remarque directement chez Edmony Krater, c’est tout simplement le fait qu’il reste attaché à ses traditions gwoka les décennies passantes. An ka sonjé ne déroge pas à la règle et nous embarque les yeux fermés sur l’île de la Guadeloupe avec son mélange de jazz, funk et ragga sur des morceaux vivifiants et exotiques à l’image de « Nou kontan », « A pa jôdi » mais également « Mi yo rivé » et « Lagè » qui sont de purs délices venus d’ailleurs et qui fondent sous la bouche.  Avec comme principal moteur le tambour Ka et les harmonies pianistiques de son collaborateur Franck Souriant sans oublier ses cuivres chaleureux et ses basses funky, le musicien guadeloupéen nous étonne et nous évade à coup sûr.

An ka sonjé contient un bon nombre de perles comme les saveurs doucement électroniques à l’image de « An ba jouk » entre autres mais encore les entraînants « Ti Jan ka » et « Donga èvè sé neg mawon » qui sont de parfaits hymnes pacifistes à la culture guadeloupéenne ainsi que son histoire sous fond d’esclavage entre autres. Ce nouvel album marque la saison estivale bien avant l’heure et Edmony Krater continue de préserver la culture gwoka à bon escient. Vous reprendrez bien un peu de saveurs guadeloupéennes, ceci dit ?

Note: 8/10