Seun Kuti & Egypt 80 – Black Times

Quelques semaines plus tôt, Femi Kuti faisait son grand retour impeccable avec son nouvel album One People One World (chroniqué ici). Maintenant, c’est au tour de son frère cadet Seun Kuti d’avoir quelque chose à dire accompagné de son fameux groupe Egypt 80 avec son nouveau disque intitulé Black Times. L’année 2018 est définitivement placé sous le signe du come-back de la dynastie Kuti, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Comme son aîné, Seun Kuti a aussi des choses à dire et ce Black Times n’est pas avare en messages sociopolitiques. Il s’adresse tout d’abord à son peuple en s’alarmant de la situation globale sur des morceaux afrobeat bien fiévreux à l’image de « Last Revolutionary » qui ouvre le bal mais également « Corporate Public Control Department » (avec sa critique la plus sévère qui soit: « Promise to give me peace and you give me war […] You promise me justice and then you jail the poor/You promise jobs and you close the factory but there’s always work in the penitentiary ») et « African Dreams » dépassant allègrement les 6 minutes. Les textes sont finement travaillés et tapent juste tandis qu’on se laisse bercer par les arrangements toujours aussi incisifs de la part d’Egypt 80 notamment sur le morceau-titre qui fait intervenir… Carlos Santana en personne ! Celui qui a fait son retour discret avec The Isley Brothers l’année dernière fait parler ses prouesses guitaristiques sur ce titre bien entêtant.

Il ne manque plus que d’autres belles trouvailles à travers ce Black Times dont « Bad Man Lighter (B.M.L.) », « Struggle Sounds » où il ose clamer: « “I make that struggle music as the voice of the people/Struggle sound like the weapon of the future » sans oublier la conclusion nommée « Theory Of Goat and Yam » qui est une allusion directe à la fameuse théorie de l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan. Avec Black Times, Seun Kuti & Egypt 80 s’impose en tant que parfait porte-parole face à l’oppression économique qui empiète de plus en plus le Nigéria mais aussi les autres pays de l’Afrique subsaharienne. Et pour combattre cette oppression, il utilise sa plume en tant qu’arme et les compositions afrobeat qui donnent la pêche. C’est papa Fela qui sera content.

Note: 8.5/10