Hailu Mergia – Lala Belu

Il n’y a pas d’âge pour attendre la consécration. Et c’est tout à fait le cas d’Hailu Mergia, un vétéran de la scène éthio-jazz. Claviériste et accordéoniste originaire d’Addis-Abbeba, le musicien était sur le point de connaître son heure de gloire dans les années 1970 mais fut malheureusement éclipsé par la superstar locale qu’est Mulatu Astatké. Après une longue traversée du désert, la légende raconte qu’il s’était reconverti en tant que taximen jusqu’à ce qu’un label tombe par hasard sur sa musique et le signe sur le champ. C’est ainsi qu’il signe son come-back avec Lala Belu.

Résolument déterminé à convoquer l’âge d’or du Swinging Addis, Hailu Mergia fait part de sa science infuse en faisant part de ses talents d’arrangeur et de musicien hors pair. Sur ces six titres que composent ce Lala Belu, il est accompagné de Tony Buck à la batterie et de Mike Majkowski à la basse et à la contrebasse et nous offre des moments 100 % éthio-jazz hypnotique et mystérieux avec les 10 minutes magiques de « Tizita » en guise d’entrée. On reste ébahis devant tant de technique et d’authenticité des titres comme « Gum Gum » et « Anchihoye Leye » où tantôt l’accordéon tantôt le melodica viendra ajouter une plus-value à ces arrangements groovy et très locaux.

Entièrement instrumental excepté sur le morceau-titre entraînant, ce nouvel opus s’écoute avec un grand plaisir et un sourire arrivera à s’esquisser sur le visage conquis de l’auditeur à travers la radieuse conclusion au piano du nom de « Yefikir Engurguro ». Lala Belu signe la renaissance d’un artiste trop sous-estimé de cette scène locale mais qui a réussi à changer sous des degrés différents le Swinging Addis au même ordre qu’Alémyahu Esthete ou encore Girma Bèyènè. Il pourra remercier Awesome Tapes From Africa pour avoir la bonne occasion de rééditer ses œuvres précédentes qui réussiront à toucher plus de monde à l’avenir.

Note: 8/10