Wye Oak – The Louder I Call, The Faster It Runs

Wye Oak est plutôt du genre à ne pas se répéter et à repousser sans cesse les limites depuis leur premier album If Children paru il y a dix ans maintenant. Depuis leur consécration avec leur désormais classique Civilian en 2011, Jenn Wasner et Andy Stack se sont dit qu’ils n’allaient pas devenir l’énième duo guitare/batterie et ont préféré opter pour l’originalité. C’est ainsi que trois ans plus tard, ils ont rangé les guitares pour côtoyer tous les gadgets électroniques et synthétiques avec Shriek. Il aura fallu un album surprise composé d’outtakes du nom de Tween (chroniqué ici) et d’un album solo de la mamzelle Wasner sous le pseudonyme Flock of Dimes (chroniqué ici) pour que le duo de Baltimore repousse encore plus les limites avec leur nouvel album The Louder I Call, The Faster It Runs.

Ici, Wye Oak continue de tracer sa route en alliant les guitares rugueuses de Civilian et les sonorités électroniques et synthétiques de Shriek avec une pointe beaucoup plus expérimentale de Tween et de Flock of Dimes. Ce n’est pas une surprise si on les entend brancher leurs joujoux et leurs instruments sur l’introduction avant de lancer les hostilités avec « The Instrument » ainsi que le morceau-titre où les guitares et les synthés ainsi que les boîtes à rythme font bon ménage sans oublier l’interprétation de Jenn Wasner qui est beaucoup plus mise en avant que sur Tween. Cette dernière qui s’est récemment installée à Durham, en Caroline du Nord (tandis que son acolyte Andy Stack a bougé du côté de Marfa, dans le Texas) a beaucoup gagné en expérience et n’hésite pas à le partager sur des morceaux comme « Lifer » avec un solo de guitare raffiné et le mélancolique « It Was Not Neutral » avec ses notes de piano qui parcourent l’échine où elle n’hésitera pas à se livrer sur ses angoisses et ses frustrations en tant que musicienne qui ne cherche qu’à s’imposer.

Ce n’est donc pas une surprise que le duo continue de regarder de l’avant, comme le suggère la pochette mais aussi via des textes bien personnels. A côté d’une interlude quasi-orchestrale du nom de « My Signal », Wye Oak continue à creuser le sillon avec le frémissant et noisy « Symmetry » qui a de quoi vous glacer le sang ainsi que la pop synthétique céleste de « Say Hello » avec une Jenn Wasner qui viendra coiffer une certaine Liz Fraser au poteau. On peut également citer les rythmes saccadés de « Over and Over » et les derniers morceaux beaucoup plus éthérées que sont « You of All People » avec sa pedal steel qui fait effet et la mélancolique conclusion « I Know It’s Real » qui auraient aussi bien pu trouver leur place sur l’album de Flock of Dimes mais qui témoignent de l’étonnante maturité du duo.

Avec The Louder I Call, The Faster It Runs, Wye Oak continue à aller plus loin dans leurs aventures musicales en nous offrant un opus que l’on peut assimiler à un road-trip sous un ciel bleu azur avec de multiples péripéties en tous genres. En ajoutant le travail titanesque de Jenn Wasner qui monte de plus en plus en puissance ces derniers temps avec ses multiples side-projects qui exorcisent ses crises existentielles comme jamais ainsi qu’un Andy Stack qui fait des merveilles de son côté au niveau polyvalence, le duo de Baltimore continue à vendre du rêve et nous prouve qu’ils ne sont jamais en fin de course.

Note: 9/10