Stephen Malkmus & The Jicks – Sparkle Hard

Après quatre années d’absence, le légendaire Stephen Malkmus fait enfin son retour pour notre plus grand bonheur. Le héros slacker n’a pas donné signe de vie depuis l’album Wig Out At Jagbags en 2014 et c’est dire que l’on s’inquiétait un peu de son absence. Et bien pas de soucis, l’ex-frontman de Pavement (dont une reformation serait prévue pour l’année prochaine selon certaines rumeurs) revient avec ses Jicks pour un nouvel opus du nom de Sparkle Hard.

Lui qui est un peu le symbole des années 1990, Stephen Malkmus a beau avoir la cinquantaine et cela ne l’empêche pas de garder son côté cool pour autant et ce Sparkle Hard en est la preuve concrète. Il suffit d’écouter les morceaux indie rock que sont « Cast Off » avec son refrain plus flamboyant mais aussi « Future Suite » et la très Pavement »Shiggy » aux riffs bien fuzzy sans oublier la rythmique krautrock de « Bike Lane » qui fait référence à l’affaire de Freddie Gray qui a secoué les Etats-Unis il y a trois ans de cela. Et justement avec toujours cette désinvolture qui lui est remarquable, notre hôte qui vit désormais à Portland a décidé de mobiliser ses auditeurs en affichant son soutien aux mouvements Black Lives Matter et #MeToo notamment sur la ballade country-folk de « Middle America » qui aurait pu trouver sa place sur Wowee Zowee où il clame: « Men are scum, I won’t deny/May you be shitfaced the day you die ».

Sparkle Hard sonne comme un mythique album indie rock des années 1990 avec un petit twist de 2018 comme seul Stephen Malkmus & The Jicks sait si bien les faire et avec un petit soupçon de nouveauté. On perçoit des arrangements de cordes très philly soul avec la ballade gracieuse qu’est « Solid Silk » ou encore d’autres radicalement tournés vers l’électronique où notre slacker aura recours à l’Auto-Tune ainsi que d’autres gadgets synthétiques sur le robotique « Rattler » ou le plus audacieux « Kite » avec un départ acoustique avant de virer vers des contrées glam-funk. Et puis l’autre surprise de ce Sparkle Hard est bien sûr le duo avec notre héroïne des années 1990 que j’ai nommé Kim Gordon sur la très country « Refute » où elle n’hésite pas à balancer quelques piques subliminales à son ex-mari Thurston Moore. Non, je déconne, elle raconte plutôt l’histoire d’un homme infidèle qui lui a causé du tort mais c’est tout comme mais qu’importe, le duo fut tant attendu et il ne nous déçoit pas du tout.

Après le clou du spectacle qu’est « Difficulties/Let Them Eat Vowels » avec une première partie aérienne, douce et orchestrale et une seconde partie plus improvisée et limite jam session funky, c’est donc sans difficulté que Sparkle Hard se place parmi les meilleurs albums de Stephen Malkmus même si il n’atteint pas les sommets de son classique Face The Truth. Lui et The Jicks continuent sur la bonne voie en restant fidèle à leur image de marque sans pour autant tomber dans la redondance et en touchant nouveaux horizons musicaux. Bon maintenant concernant la supposée réunion de Pavement l’année prochaine, c’est comment du coup ?

Note: 9/10