En l’espace de trois albums, The Internet s’est imposé comme étant le groupe le plus cool de la scène R&B alternative californienne. Présent depuis le début de la décennie, ils connaîtront un véritable tournant avec leur troisième opus Ego Death contenant entre autres leur tube « Girl » produit par le monstre canadien Kaytranada en 2015 qui leur a valu une nomination aux Grammy Awards l’année suivante. Après leur phase solo qui leur a été productive pour tous les membres du groupe, les voici de retour avec Hive Mind.
Trois années se sont écoulées entre leur dernier opus et celui-ci tant les membres du groupe se sont éclatés chacun de leur côté. Et c’est dire que la chanteuse Syd et le guitariste prodige Steve Lacy sont ceux qui ont les plus réussis, même si les autres membres comme Matt Martians, Patrick Paige et Christopher Smith ne sont pas en reste. Le quintet de Los Angeles est de nouveau réuni pour ce nouvel opus en tournant le dos à Odd Future (mais sous des bons termes, hein !) avec leur cocktail soul-funk-jazz-pop psychédélique smooth et sensuel qui a fait leur renommée.
Cette fois-ci autoproduit, The Internet nous gâte avec leur fusion musicale qui tombe pile poil pour ce temps bien caniculaire à travers des morceaux funky rafraîchissants comme « Come Together » et « Come Over » interprétés par la paire gagnante Syd/Lacy. Que l’on ait affaire à des titres bien entraînants comme l’excellent « Roll (Burbank Funk) » avec son sample de « Sing Sing » de Gaz (déjà utilisé sur le morceau « Eazy Chapter 8 Verse 10 » du regretté Eazy-E) et la feel-good « La Di Da » ou d’autres plus laid-back où l’interprétation toujours aussi majestueuse de Syd nous laisse bouche bée avec « Stay The Night », « Bravo » ou encore « Look What U Started ».
Hive Mind est non seulement leur disque le plus funky mais aussi le plus audacieux, où ils n’hésitent pas à changer d’ambiance comme bon leur semble avec la diptyque « Next Time / Humble Pie » mais encore « It Gets Better (With Time) » où Syd chante aux côtés de Ruben Bailey et qui compte également la participation de Big Rube (les fans d’Outkast s’en souviendront sans doute) et une conclusion touchante signée le bassiste Patrick Paige qui rappe sur son ancienne addiction à l’alcool qu’il a surmonté avec brio.
Hormis l’ancienne DJ qui chante sur la majorité des morceaux (« Mood », « Look What U Started »), le prodige Steve Lacy qui fait parler sa patte magique de plus en plus suite à son émancipation solo aura droit lui aussi à son moment de gloire avec l’honorable « Beat Goes On » avec une première partie funky digne de Thundercat et une seconde partie quasi-instrumentale où les baguettes de Christopher Smith nous hypnotisent comme jamais. Il ne manque plus qu’une conclusion onirique et sucrée nommée « Hold On » pour que The Internet puisse atteindre des nouveaux sommets avec leur quatrième opus le plus complet et le plus abouti de leur carrière. En attendant qu’ils reviennent sillonner l’Europe, on se repassera ce Hive Mind en priorité pendant tout l’été.
Note: 9/10