Blood Orange – Negro Swan

Plus les années passent, plus Blood Orange continue d’être au top de sa forme. Dev Hynes, de son vrai nom, a atteint un statut inconsidérable suite à la parution de ceux qui sont devenus des chefs-d’oeuvre, à savoir Cupid Deluxe en 2013 et Freetown Sound en 2016 (chroniqué ici). L’ancien membre de Test Icles qui est l’homme à collaborer à tout prix revient cette année avec son quatrième opus intitulé Negro Swan.

Continuant sur le thème du black excellence entamés sur ces prédécesseurs, Blood Orange continue de nous envoûter avec son cocktail fruité et sensuel de bedroom-pop, nu soul et de funk ouaté à travers ce Negro Swan riche en invités. Ainsi, on entre en terrains connus sur des titres enivrants à l’image de « Orlando » qui ouvre le bal mais également le divin « Saint » et « Take Your Time » montrant l’intimité de Dev Hynes. Ce nouvel album traite de la dépression de l’artiste et en résulte ainsi un disque touchant et introspectif auquel il se livre sans pudeur comme sur « Jewelry » et « Charcoal Baby » notant la participation d’Aaron Maine alias Porches.

Cet opus n’est rien sans invités de marque, à commencer par Puff Daddy qui est plutôt cantonné aux ad-libs comme sur les albums du regretté Notorious B.I.G. sur le soulful « Hope » conviant la voix doucereuse de Tei Shi (avec en prime un sample de « King Of The Beats » de Mantronix utilisé à maintes reprises sur le disque Donuts de J Dilla) mais aussi le rappeur A$AP Rocky sur « Chewing Gum ». Le monde du R&B est également convié, à savoir la très rare mais charismatique Georgia Anne Muldrow qui sublime les dernières minutes du spirituel « Runnin » et le génie Steve Lacy sur « Out Of Your League » mais le nom que l’on retiendra le plus est celui de l’écrivaine Janet Mock qui donne de la voix à la communauté transgenre sur des titres comme « Jewelery » et « Family » servant de fil conducteur;

Avec Negro Swan, Blood Orange réussit son exutoire et analyse au mieux sa dépression et ses maux qui l’ont hanté depuis tant d’années,le fait d’être discriminé pour sa couleur de peau, son orientation sexuelle et sa masculinité l’aidant. Dev Hynes assume enfin sa fragilité et fait de ses faiblesses une force à travers sa musique immersive et envoûtante.

Note: 8.5/10