Tim Hecker – Konoyo

Tim Hecker avait placé la barre très haute avec son album Virgins paru en 2013 qu’il était difficile pour lui de se surpasser. On avait vu ce que ça avait donné avec Love Streams paru trois ans plus tard (chroniqué ici) qui était une beauté ésotérique mais qui peinait à arriver à la cheville de son grand frère. Cette année, il retente l’exploit mais avec une plus belle réussite avec son nouvel album intitulé Konoyo.

Pour cette nouvelle galette parue chez Kranky, Tim Hecker a collaboré avec un ensemble d’instruments ancestraux japonais (d’où le titre Konoyo qui veut dire la vie) composé de flûtes, de percussions et de cordes entre autres. Dès lors, celui que l’on considère comme étant les dignes successeurs de Christian Fennesz, d’Harold Budd et d’Oren Ambarchi a décidé de nous embarquer dans un nouveau voyage ambient avec une pointe de dissonance cependant. On ne touche plus pied dès les premières notes de « This Life » où la beauté de la nature peut parfois être plombée par la laideur des actes (in)humains mais également « In Death Valley » et « Is A Rose Petal Of The Dying Crimson » qui complètent le tableau.

On peut interpréter Konoyo comme étant une péripétie intense entre la vie et la mort où les catastrophes naturelles viendront accélérer le processus de mort lente et douloureuse. Le fait que Tim Hecker utilise des analogies japonaises n’est pas étrangère car il a une prise de position assez convaincante sur le sujet et impossible de ne pas penser à la catastrophe de Fukushima par exemple. Les moments de dissonance viendront perturber les compositions ambient de « Keyed Out », « In Mother Earth Please » ou de l’apogée presque agonisante de « Across To Anoyo » de 15 minutes (où « anoyo » signifie « mort »).

Tout au long de ce nouveau disque, le musicien canadien est à son apogée de sa création et nous offre une oeuvre singulière et fascinante où la technologie dialogue avec les instruments ancestraux japonais sur l’état du monde qui se meurt à petit feu.

Note: 9/10