Si il y a une artiste qui arrive à survivre à l’ère du temps, c’est bel et bien Neneh Cherry. La mythique chanteuse suédoise a laissé son empreinte indélébile depuis plus de trois décennies depuis son légendaire album Raw Like Sushi paru en 1989 et continue de se réinventer quoi qu’il advienne. Quatre ans après son quatrième album Blank Project produit par Four Tet qui a signé son grand retour, elle revient sur le devant de la scène avec Broken Politics.
Toujours accompagnée du meilleur producteur électro de l’histoire que le monde ait connu qu’est Kieran Hebden, Neneh Cherry a décidé d’ouvrir les portes de son intimité sur son cinquième disque. Résolument plus calme et plus réfléchi selon ses propres dires, elle a décidé de rattacher ses histoires personnelles aux problèmes universels actuels. Il en résulte des titres lorgnant entre R&B, trip-hop et electronica que sont l’introduction sublime « Fallen Leaves » mais également des ballades plus touchantes que sont « Synchronised Devotion » interprété au piano mais également « Black Monday » et « Slow Release ».
Ayant un regard précis sur le monde, elle choisit les mots justes pour mettre en valeur ses positions et ses engagements. Sur le trip-hop lancinant de « Kong » (co-produit par 3D de Massive Attack), Neneh Cherry se penche sur les conditions de vie des réfugiés notamment dans la jungle de Calais sans oublier « Shot Gun Shack » où elle s’attaque sur l’utilisation massive des armes à feu donnant naissance à des tragédies interminables. Pour le reste, on s’intéressera plus à l’interprétation sans filet de la suédoise qui peut passer du spoken-word sur « Faster Than The Truth » (bien vu le sample de batterie de « 50 Ways To Leave Your Lover » de Paul Simon) au chant des plus envoûtants sur « Deep Vein Thrombosis » et du plus rythmé « Natural Skin Deep ».
Se clôturant sur un « Soldier » qui est une ode à l’amour de soi et dont l’instrumentation a de quoi faire penser au dernier album de Four Tet, Neneh Cherry nous a offert un Broken Politics où elle a brisé la frontière entre les textes intimistes et les engagements politiques. Résolument plus lumineux et apaisé que dans le passé, elle continue à rester droit dans ses bottes et nous émeut de la plus belle des manières.
Note: 9/10