Le pianiste Christophe Chassol a pour habitude de nous emmener au bout du monde via sa musique. Chef d’orchestre, arrangeur et grand compositeur, il avait posé ses valises en Inde et à la Nouvelle-Orléans sur ses albums précédents sonnant presque comme des road-trips. Cette fois-ci, il nous emmène en Martinique, l’île natale de ses parents, avec son nouvel album intitulé Big Sun, complétant sa trilogie.
Des fois, il n’y a pas besoin de prendre un billet d’avion pour partir à l’étranger ou de regarder Thalassa, il y a Chassol pour ça. Armé d’une caméra, de divers instruments et de ses micros, il explore la culture martiniquaise à fond la caisse et capture les moments forts de son voyage, comme l’effervescence d’un carnaval martiniquais divisé en quatre parties par exemple. Son carnet de voyage est traduit ici en musique et donne un résultat pour le moins surréaliste mais attendrissant. Surréaliste dans le sens où il ose, par exemple, faire chanter les oiseaux avec ses collages sonores bien propres à lui (le duo « Birds »), d’un homme parlant des oiseaux (le duo « Pipornithology ») . Bien sûr, le voyage sonore s’enchaîne avec fluidité et il n’est pas anodin de croiser des dialogues avec une femme sur le marché (« Madame Etienne Lise »), un flûtiste devant un cimetière (le duo « Mario ») ou des chants créoles (« Sissido », « Samak », « Bwa Brillé (Alix & Lisa) », « Est-ce ou songé (Petit soleil) »).
Alliant sonorités classiques et électroniques, Chassol transforme tout en musique, à l’image des enivrants « La Route de la Trace » et « Reich & Darwin » à mi-chemin entre les ritournelles pianistiques de Sébastien Tellier et les BO de Vladmir Cosma. Le seul regret de ce Big Sun est que l’on ait pas pu nous assister à ce road-trip avant-gardiste et exotique, que nous sommes uniquement que spectateurs. J’insiste pour dire qu’il paraîtrait même que Chassol aurait écrit et composé huit chansons pour le prochain album de Frank Ocean, cet été promet d’être bien spécial.
Note: 7.5/10