On ne le redira jamais assez mais la scène musicale islandaise regorge pas mal de pépites: des talents confirmés comme Bjork, Sigur Ros, Emiliana Torrini, Mum jusqu’aux récents Asgeir, Of Monsters and Men ou encore Seabear. Ce dernier justement étant un groupe d’indie folk et ayant sorti deux excellents albums – The Ghost That Carried Away en 2007 ainsi que We Built A Fire en 2010 – compte parmi la formation une certaine Sóley Stefánsdóttir. Auteure, compositrice, interprète et musicienne multi-instrumentiste, elle a déjà un album solo en actif, We Sink en 2011 pas mal mais pas très mémorable en soi. Quatre ans plus tard, alors que Seabear semble être encore en pause, elle nous présente son second opus solo intitulé Ask The Deep.
Toujours sur le label Morr Music, Sóley a troqué les guitares pour les claviers sur Ask The Deep. L’Islandaise devenue jeune maman puise son inspiration à travers la poésie islandaise et Edgar Allan Poe, dégageant une ambiance à la fois onirique et fantasmagorique. Nous voilà coincés dans un monde imaginaire où les sons étranges et glauques nous bercent sans le vouloir accompagné d’un piano lugubre et d’harmonies vocales tout en écho, à mi-chemin entre Emiliana Torrini et Rachelle Standell-Preston, nous enivrent et qui accentuent la profondeur de l’album. Si l’angoissant « Devil » plante le décor et qui gagne en intensité au fur et à mesure, il en est de même pour « Ævintýr » qui reprend le flambeau avec son ambiance conte de fées gothique et ses rythmes tribaux.
On entend un cœur battre sur « One Eyed Lady », on bascule en plein cauchemar sur l’interlude bruitiste « Óhljóð » et on frémit sur l’éthéré « Halloween ». La fameuse épopée d’Ask The Deep contient des titres plus atmosphériques et lumineux comme « Follow Me Down », « Breath » ainsi que la bien-nommée « Dreamers » évoquant le spectre de Beach House et survenant après le fantomatique « I Will Never » et son orgue digne des excentricités de Tim Burton. Heureusement que le dernier titre « Lost Ship » chasse définitivement le brouillard et autres monstres qui nous hantaient depuis le début. L’espoir et la douceur revient avec son piano épuré et conclut donc Ask The Deep sur les chapeaux de roue.
Si We Sink fut un album de folk gentillet et sympathique, Ask The Deep est tout simplement le disque le plus audacieux que Sóley ait pu faire. Délaissant le côté épuré pour donner une dimension fantastique et surréaliste, elle a réussi le pari de rendre sa musique riche et profonde. Une oeuvre musicale absolument renversante.
Note: 8/10