On avait découvert Ought l’an dernier avec un excellent premier album More Than Any Other Day qui a squatté pas mal de tops des meilleurs albums de l’année. Le quatuor montréalais a séduit son public grâce à son post-punk aussi bien brutal qu’entêtant marchant sur les pas de Talking Heads, de Godspeed You! Black Emperor et de Sonic Youth. Cette année, Tim Darcy et sa bande rempilent avec un second album Sun Coming Down, toujours sur le label Constellation Records.
Sortir un second opus un an après le premier peut paraître risqué mais pour Ought, le terme « sophomore jinx » n’existe pas chez eux. Sur Sun Coming Down, on sent encore que le quatuor en a encore dans les tripes comme si ils se sentaient brimés dans leurs créations. On les sent à nouveau enragé et brut de décoffrage, à l’image du titre d’ouverture vrombissant « Men For Miles » aux allures slintiennes, du morceau-titre enflammé et volontairement noisy, du brillant « The Combo » notable pour ses changements rythmiques bien brutales ou de l’énergie punk de « Celebration » et « On The Line ».
Le son est volontairement lo-fi mais travaillé, les riffs de guitare sont dissonants, les rythmiques sont bien complexes comme il se doit, les lignes de basse sont redoutables et le chant mi-parlé de Tim Darcy à mi-chemin entre David Byrne et Mark E. Smith est bien insolent. On sent vraiment qu’Ought a également bien travaillé la transition musicale entre les deux albums comme le montre l’excellent « Beautiful Blue Sky » (morceau le plus long du disque) à la ligne de basse tourbillonnante et aux distorsions de guitare inquiétants où ils vacillent entre coupure et constance. Mais au milieu de ces déflagrations soniques résident tout de même des plages plus tranquilles et solaires comme « Passionate Turn ». Le sommet est atteint avec « Never Better » où la tension gagne du terrain au fur et à mesure du titre et nous donne des frissons.
Au final, Ought n’a rien perdu de leur verve sur Sun Coming Down, bien au contraire. On sent que le quatuor a encore de l’énergie à revendre et même si c’est légèrement inférieur à More Than Any Other Day, ça ne leur empêchera pas d’expérimenter afin de tester leurs propres limites. Ce second opus réussi car plus direct a permis de montrer que le groupe possède une véritable identité musicale.
Note: 8/10