Sur la pochette en noir et blanc de Half Free se tient donc Meghan Remy alias US Girls, l’air crispé et fasciné comme une actrice hollywoodienne sortie tout droit des années 40. Elle a le regard tourné vers nous avec l’air de se dire si elle se sent libre de ses choix et de ses décisions. Tel est le leitmotiv de son nouvel opus que je vais décortiquer et qui promet de belles surprises.
US Girls nous a habitué à une pop do it yourself expérimentale et lo-fi et ce depuis son très bon album Go Grey en 2010. Mais depuis le virage emprunté sur Gem en 2012, elle a élargi ses horizons et ce de la plus belle des manières et ça s’entend sur Half Free. Avec l’aide de son mari Slim Twig et du producteur Onakabazien, ce nouvel opus est parmi le plus éclectique et le plus diversifié de sa carrière.
Touchant tantôt à la pop grandeur nature sur « Sororal Feelings » et « Navy & Cream », tantôt au rock sur « Sed Knife », tantôt au dub sur l’étonnant « Damn That Valley », tantôt disco surannée sur « Woman’s Work » ou encore « Window Shades » possédant des airs de la mystérieuse Gloria Ann Taylor, Half Free surprend tout de même pour sa cohésion. L’ambiance à la fois glaciale, hantée et vintage se fait ressentir tout au long de l’album (un peu comme sur l’inquiétant « Red Comes In Many Shades ») et c’est ce qui fait toute sa force. Un autre atout ce disque ben c’est les textes. Ici, Meghan Remy s’exprime au nom de toutes les femmes qu’elles soient cocues, veuves ou ignorées mais qui se battent pour de meilleures conditions. Il n’y a qu’à écouter attentivement les paroles de « Woman’s Work » pour comprendre sa position de féministe (« A woman’s work is never done/She doesn’t sleep till the morning comes »), des femmes à moitié libres donc.
En somme, Half Free est tout simplement un très bon disque où U.S. Girls a pris des risques jusqu’au bout pour faire entendre sa voix. Même si on aurait aimé quelques temps forts sur cet opus, cela n’empêche pas pour Meghan Remy de posséder un son bien original qui surprend agréablement. Dans le fond, elle reste une femme libre qui n’a pas froid aux yeux.
Note: 8.5/10