Anderson .Paak – Malibu

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Comment de passer de l’ombre à la lumière en une année ? Il suffit de demander à Anderson .Paak. L’année 2015 aura été son année, ça on le sait. D’un parfait inconnu, il s’est fait révéler sur Compton, l’album come-back de Dr. Dre en août dernier où il est apparu sur six morceaux. Et dès lors, on a tout de suite repéré son style: une voix déraillée mais chaleureuse et un style hors du commun. Le chanteur/rappeur originaire d’Oxnard s’est forgé un nom et a par la suite sorti des petits projets, notamment l’EP Link Up & Suede avec le beatmaker Knxwledge sous le pseudonyme NxWorries (chroniqué ici). L’année 2016 débute et Anderson .Paak continue son bonhomme de chemin tranquillement avec son second album solo intitulé Malibu.

Ce nouvel album constitue pour le bonhomme une parfaite autobiographie et une bonne manière d’étaler ses influences musicales. Malibu est un pur concentré de black music au sens péjoratif. Toute la black music est fusionnée, que ce soit le hip-hop, le R&B, la soul, le gospel, le blues et même la disco est distillée sur ce premier opus sacrément cohérent. Dès le premier titre soulful à souhait « The Bird » produit par ses propres soins, Anderson .Paak plante le décor en nous rappelant d’où il vient (« My mama caught the gambling bug/My papa was behind them bars/We never had to want from nuthin’/Said we all ever need is love »). La suite est du même acabit avec la soul vintage et somptueuse « Put Me Thru » et « Celebrate » ou encore le rythme enlevé et hypnotique de « Parking Lot ».

Mais il n’est pas tout seul sur ce Malibu car on retrouve un casting 5 étoiles (BJ The Chicago Kid, Rapsody, Talib Kweli, The Game, ScHoolboy Q…). Hormis Anderson .Paak, les autres producteurs/beatmakers au service de ce second album ont parfaitement capté l’univers musical et les inspirations d’Anderson .Paak afin de nous bluffer par leur créativité. On retrouve donc Madlib égal à lui-même sur le titre « The Waters » conviant le crooner neo-soul BJ The Chicago Kid, POMO qui nous délivre un missile disco-funk « Am I Wrong ? » avec un couplet fiévreux de ScHoolboy Q. DJ Khalil est appelé à deux reprises sur les productions soulful et smooth que sont « Heart Don’t Stand A Chance » et « Your Prime », Kaytranada nous enjaille comme à son habitude sur « Lite Weight » accompagné de The Free Nationals United Fellowship Choir ou encore le légendaire Hi-Tek qui renaît de ses cendres avec le funky et infectieux « Come Down » (avec en prime un sample de l’hymne national israélien) à la ligne de basse malicieuse et le chant énergique de Paak suffisant pour en faire un futur hymne en puissance. Mention spéciale à la rappeuse Rapsody qui envoie un puissant couplet sur « Without You » sur une production digne de 9th Wonder avec son sample du titre « Molasses » du groupe Hiatus Kaiyote et à The Game qui se révèle très classe sur le sample de piano élégant et vintage de « Room In Here ».

Avec des titres aussi créatifs comme « The Season/Carry Me » divisé en deux parties (la première produite par 9th Wonder et la seconde produite par Callum Connor plus soulful, voire gospel) ou encore le final « The Dreamer » à mi-chemin entre trap et gospel conviant Talib Kweli et la Timan Family Choir, il y a de quoi penser qu’Anderson .Paak a des rêves plein les yeux. Avec sa durée d’une heure, Malibu est un vrai concentré de black music à l’état pur, un peu comme To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar l’an dernier. Un peu comme D’Angelo et Raphael Saadiq, le Californien est bien parti pour durer pendant un bon bout de temps. L’engouement autour de cet artiste est tout à fait justifié, d’autant qu’il déchaîne autant les passions chaque jour qui passe (la preuve, on a vu ce que ça a donné au Petit Journal). L’année 2016 commencera très bien pour lui, d’autant plus qu’il sera en concert le 24 février à La Bellevilloise et rempilera avec un premier album de NxWorries à paraître ce printemps.

Note: 9/10