Je l’ai mentionné il y a quelques temps maintenant mais la scène musicale grecque regorge son nombre de pépites. Après vous avoir parlé de Σtella l’an dernier avec son excellent et sous-estimé disque du nom de The Break (chroniqué ici), l’heure est venue de parler d’un autre talent local du nom de Moderator. Il s’agit d’un jeune producteur et beatmaker qui possède aussi bien un amour infini pour l’abstract hip-hop que les films vintage des années 1950-1960. Et il réussit à allier ces deux univers sur son nouvel album du nom de Midnight Madness.
Ils nous entraînent au bout de la nuit. Qui ça ? Les samples dépoussiérés de films de minuit et autres nanars volontairement oubliés que concoctent Moderator sur des morceaux rappelant tantôt DJ Shadow période Endtroducing tantôt Wax Tailor tantôt Chinese Man des débuts. Le producteur grec nous montre ainsi l’étendard de son sampling en allumant son projecteur sur le générique de début « The Story Begins (Intro) » avant d’enchaîner sur les ambiances morriconiennes de « Unspoken » mais aussi « Walking Slow » et « Wish I Was Dead » débutant cette séance de minuit sur les chapeaux de roue.
Il y en a pour tous les goûts sur ce Midnight Madness avec ces samples raffinés de jazz latino sur « Guilty As Charged » des plus rythmés rappelant un peu l’ère big beat des années 1990 mais aussi des vibes psychédéliques sur « Haunted Lover » en passant par les contrées un brin exotiques avec le sombre « Tamboo » qui réveilleront les zombies. Rythmiques hip-hop, sonorités vietnamiennes, dub, rockabilly, Memphis soul, tout passe à la centrifugeuse du producteur grec pour nous offrir un smoothie musical et rétro sur « Once Upon A Time » et « Crystal Gaze » avant de s’achever sur un « Still Thinking About You » glorieux.
Après un « Dreaded Farewell » en guise de générique de fin, Moderator éteint son projecteur et la séance de minuit s’achève comme il a débuté. Midnight Madness ira faire fonctionner son inventivité en mettant en vrac des bandes originales de films vieillots et autres giallo pour en faire une fusion moderne et acidulé. On réclame d’ailleurs des séances supplémentaires au passage.
Note: 8.5/10