Parmi les artistes/groupes dont on entend beaucoup parler et dont on a énormément hâte d’écouter leur premier album, on peut placer Courtney Barnett au top de la liste. Elle est jeune, brune, Australienne, possède un sacré sens de l’humour et fait bien bouger la foule avec son indie rock irrésistible. Elle avait publié en 2013 The Double EP: A Sea Of Split Peas, réunion de 2 EP de 6 titres, et dès lors la machine est lancée avec son titre « Avant Gardener ». Après une tournée l’année suivante, elle a réussi à conquérir le public et dès lors, le public réclame un premier album. Chose promise, chose due, la brunette originaire de Melbourne nous propose aujourd’hui Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit qui était presque attendue comme le Messie.
Pour définir un peu le style de Courtney Barnett, c’est un songwriting fluide et efficace, un phrasé proche à la fois de Kim Deal et de Lou Reed en version féminine (et avec le fort accent australien en plus) et des titres tantôt grunge, tantôt garage rock tantôt bluesy et tantôt jangle pop. La rockeuse « à la cool » a pour principale mission de nous divertir comme elle le dit sur le single furieux et survitaminé « Pedestrian At Best » riche en guitares très kinksiennes (« Put me on a pedestal and I’ll only disappoint you/Give me all your money and I’ll make some origami, honey »). Sa plume bien aiguisée dépeint des histoires quotidiennes sous le trait de l’humour et de l’absurdité, comme le fait d’économiser à tort et à travers 3 francs six sous sur l’apaisé et frissonnant « Depreston » (qui figure dans mon top 5 des meilleures chansons de l’année) ou encore l’ouverture « Elevator Operator » qui raconte le quotidien d’un employé de bureau vivant à Melbourne qui s’aventure dans une situation des plus abracadabrantesques.
Elle et sa bande (Dave Mudie à la guitare, Dan Luscombe à la batterie et Bones Sloane à la basse) surprennent son entourage par son incroyable diversité sonore: des brulôts garage rock faisant transparaître une fougue juvénile (« Nobody Really Cares If You Don’t Go To The Party » et son refrain qui rentre facilement dans la tête), des morceaux pop qui sont aussi bien nonchalantes (« An Illustration of Loneliness (Sleepless In New York) », « Debbie Downer ») qu’implacables (« Agua Profounda ! », « Dead Fox ») ainsi qu’une ballade folk intimiste à la clé avec la conclusion aérienne de « Boxing Day Blues ». Et que dire des deux titres dépassant les 6 minutes que sont la bluesy « Small Poppies » et la magistrale « Kim’s Caravan » ? Cette dernière impressionne avec sa montée en puissance pour une explosion sonore la plus redoutable possible, digne d’un orage survenant après une pluie légère s’épaississant. Ces deux mini-chefs d’oeuvre méritent à elles seules l’intérêt indispensable de ce premier opus abouti et cohérent.
Le contrat est rempli avec Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit. Courtney Barnett a bâti un premier chef-d’oeuvre irrésistible et dangereusement addictif pour cette année. J’avais oublié de souligner qu’auparavant, elle fut guitariste dans un groupe de grunge ainsi que dans un groupe de country psychédélique mais c’est pour bien montrer que ses principales influences sont malicieusement bien utilisés dans ce premier album. Au final, elle est partie pour bien durer afin de devenir une figure importante de la scène indie féminine et nous, on s’est régalé comme un Entrée-Plat-Dessert.
Note: 9/10