Damien Jurado – Visions Of Us On The Land

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Avec l’aide du prolifique Richard Swift (membre du groupe The Shins), Damien Jurado a réalisé trois très bons albums conceptuels Saint Bartlett en 2010, Maraqopa en 2012 et Brothers and Sisters of The Eternal Son en 2014. Le tandem nous revient avec un troisième album nommé Visions Of Us On The Land, comme un moyen de clore cette trilogie qui a débuté avec Maraqopa. Et il y a fort à penser que ce nouvel album soit le véritable chef-d’oeuvre du chanteur/guitariste de Seattle après onze albums sympathiques.

Et pour cause, la paire gagnante met les bouchées doubles à travers ce road-movie auditif complètement ingénieux et attachant. Pour rappel, on suivait de très près les péripéties d’un homme qui disparaît mystérieusement de la société afin de partir à la découverte de lui-même et échouera sur un pays imaginaire du nom de Maraqopa. Sur Visions Of Us On The Land, il aura tout connu et n’est jamais au bout de ses surprises: d’un terrible accident à une rencontre qu’il aura changé sa vie. Mais pour connaître le dénouement, il suffit juste d’appuyer sur Play. La douce introduction de 2 minutes pile « November 20 » aux sublimes airs de rock progressif des années 1970 avec ses violoncelles frémissantes continue là où s’est arrêté Brothers and Sisters of The Eternal Son afin qu’ils ne puissent pas perdre ses repères. L’heure est venue donc aux questions existentielles sur ce troisième volet.

Autre point remarquable à souligner: les arrangements sublimes et riches de Richard Swift et la capacité de Damien Jurado de s’ouvrir à de nouvelles influences sans se perdre dans ses idées. Tout est amené avec fluidité et constance, allant de la pop baroque et psychédélique résolument inventive (« Mellow Blue Polka Dot » avec sa petite interlude en plein milieu aux effets vocaux hallucinés, « QACHINA », « Exit 353 » ainsi que « Walrus » avec l’intervention d’un saxophone) aux ballades folk épurées si belles à pleurer avec la sublime voix de Damien Jurado parfaitement mise en avant (« Sam and Davy », « Prisms », « On The Land Blues ») et même des sonorités terriblement 80’s sur l’enivrant « A.M. AM ». Des titres comme « ONALASJA » et « TAQOMA » avec un début guitare/voix languissante qui prennent une tournure plus cinématographique avec l’intervention du clavecin et de la section rythmique accentuent parfaitement bien l’aspect cinématographique de l’album avec des retournements de situations et autres plot-twists. Impossible non plus de ne pas appuyer sur Repeat sur des joyaux inclassables comme « Cinco de Tomorrow » et « And Loraine » tellement ça frise la perfection.

Il fut un temps où Damien Jurado nous sortait des albums avec une moitié potable et une autre carrément dispensable. Mais moins de 20 ans plus tard, il arrive carrément au sommet de son art avec ce qui pourrait être non seulement son meilleur album mais aussi le second meilleur album de l’année 2016 qu’est Visions Of Us On The Land. Tout simplement un album complètement créatif et touchant où l’on vacille entre contemplations folk et autres expérimentations hallucinés et mystiques, sans oublier bien évidemment le schéma narratif cohérent de l’opus qui va avec. Fermez les yeux et rêvez tout simplement.

Note: 9.5/10