Moderat – III

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Si la scène electro berlinoise a gagné en puissance ces dernières années, c’est grâce à Moderat. Le supergroupe composé du duo Modeselektor et d’Apparat a mis tout le monde d’accord avec ses deux premiers albums en 2009 et 2013, à un tel point qu’ils étaient devenus incontournables. Trois ans plus tard, le trio vient clore leur parfaite trilogie sobrement intitulé III, enregistré dans des circonstances atténuantes.

Contrairement à leurs opus précédents, III aura été l’album qui nécessitait énormément de temps pour affiner et peaufiner les compositions. Cela a conduit à des profondes remises en question pour le trio. En somme, ce nouvel opus est sans conteste le disque le plus pop et le plus sombre de la trilogie et ce ne sont pas des titres comme « Running » aux loops vocaux obsédants et le beat hip-hop lancinant de « Ghostmother » qui dérogeront à la règle. La voix de Sascha Ring est plus fluide et affirmée notamment sur les ensorcelants « Reminder » (cousin éloigné de « Bad Kingdom » mais en version plus poppy) et sur « The Fool » où Moderat vient chercher leurs influences auprès de James Blake ou encore de Burial.

Lorsque le trio passe en mode instrumental comme sur « Finder » aux vocalises lointaines, le quasi-tribal « Animal Trails » qui pourrait faire office d’une bande son d’un jeu vidéo d’aventure ou encore la symphonie envoûtante de loops nommée « Fondle » en bonus track, une certaine mélancolie s’installe dans des compositions très rythmées. Ce qui donne à ce qu’on appelle dans le jargon de la météo une instabilité. Un peu comme sur le très complexe « Intruder » où la mélancolie et le désespoir se font plus grands lorsque les breakbeats agressifs et hostiles déambulent comme un boulet de canon. Heureusement que le bien-nommé « Ethereal » vient calmer les esprits avec son ambiance plus apaisée avec toujours la voix aérienne de Sascha Ring qui sublime le tout.

Alors que les deux premiers étaient taillés pour la scène et les festivals avec ses breakbeats insolents et ses grooves implacables, III est remarquable pour son côté contemplatif et désespéré. C’est peut-être leur album le plus pop mais aussi celui où le trio privilégie les émotions aux rythmes. Moderat a frappé une troisième fois d’affilée et on espère qu’ils rempileront pour une nouvelle trilogie d’ici là.

Note: 8/10