Anthony Gonzalez en a parcouru du chemin avec son groupe M83. Du premier album éponyme en 2001 jusqu’au fabuleux album Hurry Up, We’re Dreaming en 2011, toutes les portes s’ouvraient devant lui. Avec ses classiques Saturdays=Youth en 2008 et surtout Hurry Up, We’re Dreaming, les Etats-Unis lui ont ouvert les bras tout comme Daft Punk et Phoenix. Le méga-tube « Midnight City » (avec 180 millions d’écoutes sur Spotify) résonnait de partout mais alors partout de partout, dans les pubs, dans les bandes-annonces… Même Disiz l’a samplé pour son titre, c’est dire ! Comme quoi ça aide à percer aux States. Bon, j’ai plus trop le temps de blablater dessus, l’heure est venue de parler du nouvel album de M83 nommé Junk après cinq années d’absence (si on ne prend pas en compte la BO d’Oblivion de 2013).
Le succès de « Midnight City » lui a foutu la nausée à Anthony. En même temps, c’est un peu compréhensible vu que ça tournait tout le temps et ça en devenait relou à la longue. Alors sur Junk (c’est quoi cette pochette sérieux ?), il appuie sur la marche-arrière et nous transporte des années en dernière, dans les années 1980. Bah oui il fait ce qu’il veut, c’est son groupe avant tout. Même si il est vrai que lorsque j’ai entendu « Do It, Try It »et que ma première réaction était: « Putain, il nous fait quoi le Anthony là ? On dirait du Michel Berger cryogénisé qui veut se mettre à l’Eurodance, c’est trop kitsch. Next ! » Oui, Junk est déroutant et risque de diviser mais c’est à prendre ou à laisser mais toujours est-il que le premier titre ultra-efficace malgré tout m’a laissé un léger goût d’amertume sur la bouche avec ses notes de piano et ses voix synthétiques.
Pour faire simple, Junk est un disque de pop ultra-sucrée et complètement toquée et Anthony Gonzalez nous présente un peu la bande-originale de son adolescence. « Go ! » nous transporte totalement dans les années 1980 avec un solo de guitare complètement kitsch du guitar hero Steve Vai et la participation de la chanteuse Mai Lan. D’ailleurs, on retrouve cette dernière sur pas mal de morceaux comme le funk barré de « Bibi The Dog » aux airs de Gainsbourg (mais qui sent les RFM Party 80 avec François Feldman, Emile et Images et compagnie…), la pop pianotée de « Laser Gun » ou le slow langoureux d' »Atlantique Sud » chanté en français. Comme Anthony Gonzalez a préféré se mettre en retrait au chant, il a convié pas mal de gens comme Jordan Lawlor, membre du groupe, sur « Walkway Blues » avec ses cuivres synthétiques mais aussi Beck sur le spatial « Time Wind » ou nous offre trois instrumentaux sympathiques mais facilement oubliables (« Moon Crystal », « The Wizard » et « Tension »).
Ceci dit, tout n’est pas à jeter non plus, Junk regorge tout de même de sublimes moments. A commencer par la ballade héroïque « For The Kids » avec la chanteuse norvégienne Susanne Sundfør soutenue par ses cordes et son saxophone nous plongeant dans une ambiance de film romantique des années 80 ainsi que l’épopée mélancolique et rêveuse de six minutes « Solitude » mettant à nouveau en avant la voix d’Anthony Gonzalez sous une symphonie de violons et de piano et d’un solo de guitare électronique. Ce dernier fait également des ravages sur le pétillant « Road Blaster » sans oublier le magnifique final « Saturday Night 1987 » qui se rapproche au M83 des débuts qui nous touche en plein cœur grâce à sa mélodie au piano et son solo d’harmonica digne de Stevie Wonder.
A la première écoute de Junk, je me suis dit: « Comment on peut passer des classiques épiques de Saturdays=Youth, de Hurry Up… à ça ? ». Je vous cache pas le fait que je sois complètement décontenancé car je pensais que M83 a craqué leur slip, leur touche ayant complètement disparu. Mais après plusieurs réécoutes, on adhère facilement au trip nostalgique complètement barré du groupe. L’intention de faire ce qui lui plait est louable et salutaire (oui, c’est bien beau le changement malgré tout) car avant tout, c’est un moyen pour lui de nous dévoiler son adolescence mais ce nouvel album est assez déconcertant à la longue.
Note: 6.5/10