R.Wan – Curling

Autant vous le dire, j’ai failli passer à côté du nouvel album de R.Wan à cause d’un nombre incroyable de sorties de disques. On avait quitté le chanteur/rappeur excentrique avec son excellent et mémorable projet Soviet Suprem et son premier album L’Internationale paru en 2014 aux côtés de Toma Feterman de La Caravane Passe. Et trois ans plus tard, il revient en solo avec son quatrième opus intitulé Curling, faisant suite à son Peau Rouge cinq ans plus tôt.

Comme à son habitude, R.Wan explore de nombreux recoins de la chanson française, à commencer par le jazz sur « Curling » qui ouvre le bal. On appréciera une fois de plus la plume du troubadour remplie de double sens (être curling désigne « une personne qui, dans un état d’extrême lucidité, adopte un comportement détaché, voir j’m’en-foutiste face au grand désastre de la vie et à la profondeur abyssale de la bêtise humaine, une sorte de misanthrope bienveillant ») ainsi que l’histoire d’amour entre un breton et une berbère sur les sonorités trap (mais pas trop, bim bam boum !) de « Berbère ».

C’est pour cette raison que l’on appréciera le quatrième album de l’ex-Java, mais pas que. D’autres titres sont à souligner comme « Paris en bouteille » enregistré qu’avec des bouteilles et quelques notes de clavier, le piano hypnotique de la valse lancinante de « Les Palmeraies » mais aussi la participation de Tom Fire sur le groovy « Faites l’amour, c’est pas la guerre ». La voix de R.Wan colle parfaitement à n’importe quelle ambiance musicale, qu’elle soit tropicale et smooth sur « Bayonnaise de Bahia » ou ténébreuse sur « De l’or ». On passe de la chanson française pure et dure avec « Le Ventre de Paris » à la trip-hop avec « A l’assaut » et l’intrigante conclusion nommée « Looping ».

Même si il ne possède le punch des albums précédents, cela permet de montrer encore une fois la versatilité de R.Wan de se cantonner à plusieurs styles musicaux sur Curling, sans compter son écriture toujours aussi pointue et au très haut niveau sans oublier l’énorme dose de réalisme qui va avec.

Note: 8.5/10