Unknown Mortal Orchestra fait parti de ces rares groupes qui sont en constante évolution et qui possèdent une discographie irréprochable malgré cette sensation de se faire passer pour un groupe inhabituel. La bande de Ruban Nielson nous a gâtés avec leur troisième album Multi-Love en 2015 (chroniqué ici) qui explorait les recoins plus groovy et soulful. Trois ans plus tard, le groupe néo-zélandais enfonce un peu plus le clou avec leur successeur tant attendu du nom de Sex & Food.
Rubin Nelson et sa clique remettent les bouchées doubles en partant dans tous les sens musicalement parlant d’autant plus que ce disque fut enregistré un peu partout dans le monde entier (Séoul, Reikjavik, Hanoi, Portland…). Ainsi, on passe du rock psychédélique bien musclé et fuzzy avec le heavy « Major League Chemicals » ainsi que « American Guilt » aux riffs bien assassins ayant de quoi ressusciter un certain Jimi Hendrix aux sonorités plus groovy bien sensuelles qui résonnent sur le charnel « Hunnybee » mais aussi « Everyone Acts Crazy Nowadays » qui nous invitent à nous déhancher sur le dancefloor ou encore le spectre de Prince qui surgit sur « Not In Love We’re Just High ».
Contrairement à Multi-Love qui était axé sur la complexité des relations humaines et inspiré par la rupture de notre cerveau fou, Sex & Food ira porter sa réflexion sur les mécanismes qui peuvent rendre un humain beaucoup plus fou, à savoir ce qu’il se passe dans le monde actuel mais également des événements actuels qui aliènent la société. C’est avec ce melting-pot musclé et complexe qu’Unknown Mortal Orchestra ira appuyer son propos qui est également rempli de sublimes ballades comme « Ministry of Alienation » et « The Internet of Love (That Way) ». Toute cette folie musicale prendra fin avec la conclusion mélancolique et rêveuse du nom de « If You’re Going To Break Yourself » qui calmera un peu plus les esprits.
Après un Multi-Love décomplexé, Unknown Mortal Orchestra se décomplexera encore plus avec Sex & Food résolument éclectique. Ruban Nielson laisse parler sa folie créatrice en tentant de faire une playlist de toutes ses influences musicales le tout avec tout de même une grande cohésion afin de ne pas perturber son auditeur. Au final, en terme de pornfood auditif, que peut-on espérer de mieux ?
Note: 8.5/10