On s’était pris une sacrée grosse claque en compagnie de BODEGA ainsi que de leur premier album Endless Scroll en 2018 (chroniqué ici). Le quintet new-yorkais a réussi à s’imposer avec leur post-punk quelque peu arty contestataire et fortement sarcastique qui a fait leur petite réputation. Trois années et demi plus tard, ils reviennent en pleine forme avec leur successeur nommé Broken Equipment.
Ben Hozie et Nikki Belfiglio reviennent et ont beaucoup de choses à dire. Ils ont beau avoir connu un certain succès d’estime, cela n’empêche pas pour eux de continuer de taper sur tout ce qui bouge, y compris le système qui nous aliène chaque jour. Le premier titre nommé « Thrown » à la basse irrésistible et aux rythmiques groovy donne le ton avant de nous tacler sur l’efficace « Doers » qui parle de notre fascination de scroller sur notre portable à l’infini (“Ten minutes TED Talk / ten minutes Notepad / ten minutes Amazon / ten minutes planning my next ten minutes” avant d’enchaîner avec un “Innovation waits for no man unless I forget my dongle!”) tout en remixant un refrain mythique de Daft Punk (« It’s making me bitter, harder, fatter, stressed out »).
Sur Broken Equipment, BODEGA tâcle sur notre quotidien depuis deux ans qui est synonyme d’angoisses et d’incertitudes en raison des conséquences désastreuses de la pandémie sur notre mental. C’est en rendant hommage aux fondements musicaux de New-York entre phrasés hip-hop à la Beastie Boys, rythmes fiévreux dignes de DFA Records, désinvolture dandyesque digne de The Strokes ou encore épopées arty digne de The Velvet Underground avec des titres fiévreux tels que « NYC (Disambiguation) » et « C.I.R.P. ». Si Ben Hozie sait faire parler son côté tête brûlée sur « How Can I Help Ya ? » et sur « No Blade Of Glass », Nikki Belfiglio sait se montrer irrésistible et acidulée avec « Territorial Call Of The Female » et « Statuette On The Console » sachant transformer ce catharsis en joie incommensurable.
Le second disque du quintet new-yorkais est également l’occasion de montrer cet aspect plus sentimental. C’est notamment le cas pour la chanson d’amour pleine d’émotions qu’est « Pillar On The Bridge Of You » que Ben Hozie a écrit pour Nikki Belfiglio mais encore « All The Past Lovers ». Mais le véritable clou du spectacle restera la touchante ballade folk minimaliste et épurée qu’est « After Jane » en guise de clôture qui est dédiée à la défunte mère de Ben Hozie. Toujours est-il qu’avec Broken Equipment, BODEGA verra son éventail musical élargi avec cette base post-punk toujours aussi irrésistible et arty mais qui étonnera pour ce packaging émotionnel insoupçonné.
Note: 8/10