Wilco – Cruel Country

Personne ne pourra se vanter d’avoir une discographie constante comme celle de Wilco. Le groupe de Chicago qui célèbre les 20 ans de leur fédérateur album Yankee Hotel Foxtrot crée toujours l’événement à chaque sortie d’album. Après quelques années d’absence, ils font leur retour avec leur premier double-album qui s’intitule Cruel Country.

Jeff Tweedy et sa bande prouvent qu’ils n’ont rien perdu de leur inspiration depuis de nombreuses décennies. Ainsi, sur Cruel Country, ils viendront à l’essentiel en se concentrant sur des influences plus Americana et indie folk à travers ces 21 morceaux pour 77 minutes de pur bonheur. Ce périple doux-amer et nostalgique démarre en trombe avec un « I Am My Mother » en guise d’ouverture où le ton est donné avec ces influences country mises en avant avec les spectres de The Byrds ou encore de Gram Parsons qui planent tout au long notamment lors des écoutes des frissonnants « Hints », « Ambulance », « Tonight’s The Day » et j’en passe.

Cruel Country est en réalité une réflexion sur la ruralité américaine ainsi que ses méfaits que Jeff Tweedy arrivera à retranscrire avec cette plume toujours aussi forte en émotions. C’est notamment le cas du morceau-titre absolument vibrant où il prononce ces paroles quasiment sacrées telles que « I love my country like a little boy / Red, white and blue / I love my country stupid and cruel / Red, white and blue / All you have to do is sing in the choir / Kill yourself every once in a while. ». Wilco relate sous une multitude d’angles cette relation amour-haine envers leur patrie mais aussi les relations humaines et amoureuses qu’elles soient empreintes de douceur ou d’amertume notamment sur les somptueux « Darkness Is Cheap », « Bird Without A Tail / Base Of My Skull » ou bien même « Many Worlds ». Le groupe de Chicago règne une certaine sérénité et une mélancolie qui restent palpables sur « Story To Tell » et « A Lifetime To Find » avant de rayonner sur « Mystery Binds » et « The Plains » qui clôture ce double-album avec grâce.

Bien entendu, Cruel Country n’entrera pas dans le top 5 de la discographie de Wilco mais il permet de montrer que lorsqu’ils partent à la source, ils sauront extirper de la beauté et la fragilité aussi bien dans les textes équivoques que dans les compositions bien roots.

Note: 8/10