boygenius – the record

Pour celles et ceux qui s’en souviennent, j’ai pas mal trollé sur le fait que l’album de boygenius n’arriverait jamais, compte tenu de l’agenda chargé de nos trois protagonistes. Il faut dire que Lucy Dacus et Julien Baker avaient des carrières solo remplies et respectables grâce à des disques devenues des classiques. En revanche, Phoebe Bridgers a connu le syndrome de la popstarisation suite au succès de Punisher en 2020. Suradulée, surexposée à outrance, la californienne (et maraboute à cause de ses clashs avec Ryan Adams et le regretté David Crosby) qui est aussi CEO de Saddest Factory Records est devenue la grosse superstar que l’on connaît et c’est à se demander jusqu’où elle pourrait aller. Mais SURPRISE ! Les trois titanes de l’indie rock actuel ont décidé d’unir leurs forces avec l’arrivée de leur premier album sobrement intitulé the record. ENFIN !

Après cinq années d’attente, boygenius nous offre une suite à leur EP qui leur a valu une consécration hors normes. Lucy Dacus, Julien Baker et Phoebe Bridgers qui possèdent leurs propres styles réussissent à unir leurs univers respectifs sur ce disque placé sous le signe de la sororité et ce dès le départ avec cette sublime introduction a capella nommée « Without You Without Them ». Très vite, le supertrio nous enivre sur des compositions riches en émotions telles que « Cool About It » traitant de leurs ruptures respectives mais incroyablement bien écrites ainsi que le plus puissant « Not Strong Enough » où elles se battent contre leurs propres démons.

Leurs vulnérabilités, leurs rêves, leurs traumas et leurs espoirs sont explorés par chacune des protagonistes et de la plus belle des manières. On retrouve bien évidemment des titres solos de Phoebe Bridgers signant des ballades célestes que sont « Emily I’m Sorry » et « Revolution 0 » qui n’est pas une reprise de The Beatles ainsi que de Lucy Dacus signant les mélancoliques « True Blue » et « Leonard Cohen » avec un clin-d’œil au regretté artiste en prime (« There’s a crack in everything, that’s how the light gets in »). Mais les véritables réussites sont les compositions signées Julien Baker qui sont plus électriques, rythmées et un brin plus torturées que sont « $20 » mais également les plus âpres « Satanist » et « Anti-Curse » afin d’ajouter un brin de diversité sur the record. Mais une chose est sûre, c’est que boygenius se complète et suffit à nous émouvoir de temps à autre comme « We’re In Love » et la conclusion thérapeutique et poignante nommée « Letter To An Old Poet ».

Je dois avouer que personnellement, je commençais à saturer de Phoebe Bridgers. Le fait que l’on parle d’elle à outrance et de la surexposition médiatique qui en a découlé m’a vraiment soûlé et j’étais à deux doigts de troller sa fanbase par ailleurs. Ceci dit, je ne nie pas son talent exceptionnel et elle réussit à émouvoir mais elle n’est pas la seule. Lucy Dacus ainsi que Julien Baker restent égales à elles-mêmes en sortant également de la norme avec leur sens de leur songwriting toujours aussi impeccable et intact nous offrant leurs univers respectifs avec des morceaux personnels et touchants dotés d’arrangements riches qui font de the record un disque événement. Alors bien sûr, on applaudira boygenius (et pas que Phoebe Bridgers, s’il vous plaît) sur scène en août prochain.

Note: 9/10