Pour celleux qui s’en souviennent, j’étais quelque peu sévère envers le premier EP de Tomasi il y a quelques années de cela. Peut-être qu’à cette époque, je n’arrivais pas à adhérer à son univers bien trop brut pour moi mais pourtant, quelque chose me laissait à penser qu’il pourrait emprunter un virage plus intéressant et intrigant avec son titre « Somnambule » justement. De l’eau a coulé sous les ponts et énormément de choses se sont passées pour notre hôte qui revient avec pas mal de choses à dire sur son successeur tant attendu du nom d’Adulescent Fluorescent (oui avec un clin d’œil à un titre célèbre d’un groupe de Sheffield dont je tairai le nom).
Tout au long de ces huit titres, Tomasi sort son journal intime et raconte ce qu’il a vécu durant ce laps de temps. Avec une plume hybride teintée d’humour, de spleen et de tendresse, il réussit à retranscrire son univers coincé entre éternel adolescent refusant de grandir et adulte refusant d’affronter le monde extérieur avec ses influences brouillant les pistes entre rap, rock et electronica. Dès le départ avec « Phalanges », lui ainsi que son acolyte Alexis Delong aux manettes signent des productions beaucoup plus instinctives et plus immersives accompagnant le storytelling doux-amer et quelque peu sarcastique de notre hôte fasciné par tant de bêtise humaine et la nostalgie qui hante son esprit en quête de paix intérieure tout comme sur « Branleur » en compagnie d’Ian Caulfield.
Il cherche à s’en défaire, se bat contre la jalousie envers ses amis sur « Jaloux », contre l’adversité sur le sautillant « J’ai plus peur » en compagnie de sa tendre Yoa signant un refrain aérien ou encore contre le monde plongeant dans l’absurde et la bêtise sur le délire électro-punk salvateur et révolté « Mieux qu’avant » conviant Trente (d’ailleurs, le petit sample du « EXPLOSIOOOOOON » de Jocelyne Chassard m’a bien fait rire). Mais la facette qui retient notre attention est celle qui est introspective et on en veut pour preuve les sublimes « Comme un ado » avec un magnifique refrain éthéré de Trente et un couplet poétique de Fils Cara à la clé (et ce sample de batterie de « Sing About Me » de Kendrick Lamar légèrement camouflé en prime) ainsi que « Best of » s’ouvrant à nous comme personne. Tomasi se résout à grandir et à affronter le monde extérieur tout en convoquant son empire des gentil.le.s avec une conclusion tout en crescendo, prêt à briser toutes les chaînes qui l’ont entravé jusqu’ici. Il en ressort un Adulescent Fluorescent maîtrisé, intense et vibrant qui est sans conteste sa plus grande œuvre artistique à ce jour car sa plume intimiste résonne en chacun d’entre nous.
Note: 8/10