Nick Cave & The Bad Seeds – Wild God

Il faut dire que la dernière trilogie musicale de Nick Cave & The Bad Seeds nous avait profondément marqué. On pensera notamment à Skeleton Tree en 2016 (chroniqué ici) et à Ghosteen en 2019 (chroniqué ici) qui furent de véritables disques de deuil absolument vibrants permettant au prince des ténèbres de nous toucher comme il se doit. De l’eau a coulé sous les ponts mais quelque chose nous laisse à penser que notre crooner australien adoré souhaite prendre un nouveau départ et laisser la lumière entrer dans sa vie avec l’arrivée de son tout nouvel album intitulé Wild God.

Nick Cave a eu une illumination et il nous le fait savoir dès les premières notes de « Song Of The Lake ». Accompagné d’une musique luxuriante, on sent notre crooner australien libéré de ses tourments et lassé d’entamer des processus de deuil (pour rappel, son fils Jethro est décédé en 2022) suite à des événements tragiques qu’il a vécu tout comme le morceau-titre et « Frogs » qui suivent aux allures gospel sans oublier ses arrangements lumineux pour rappeler ce passage de l’ombre à la lumière pour notre prince des ténèbres. Aurait-il trouvé la foi ? Suspense.

Mais ce n’est pas tout car Nick Cave enfonce le clou avec d’autres compositions fantasques parfois même grandiloquentes à l’image de « Joy » aussi bien mélancolique que cuivré mais qui synthétise avec brio le propos général de Wild God: après les ténèbres surgissent enfin la lumière et ce, parfois de façon inattendu. On pensera également aux ballades plus intimistes « Cinnamon Horses » et « Long Dark Night » qui sont placées sous le signe de la rédemption malgré la présence des fantômes du passé qui surgissent de temps à autre sur « Final Rescue Attempt » ou sur « Conversion » rappelant l’ambiance poisseuse de Skeleton Tree ou de Ghosteen. Mais Wild God montrera notre crooner qui semble être à deux doigts de devenir un prêcheur convoquant les fantômes des êtres chers afin de leur rappeler qu’ils sont libérés de tout sur la ballade amoureuse qu’est « O Wow O Wow (How Wonderful She Is) » aux faux airs de Bon Iver ou bien encore sur la conclusion néo-gospel vibrante du nom de « As The Waters Cover The Sea » qui s’achève sur des sons de cloche.

Qui aurait pu croire que notre prince des ténèbres flirterait avec la lumière ? Et pourtant, ce Wild God, aussi surprenant qui soit, est une bouffée d’air frais dans la riche discographie de Nick Cave & The Bad Seeds qui est fait avec le cœur. Cela reste une sublime œuvre où l’on voit notre hôte « enfin libéré » de ses tourments et de ses démons qui l’ont longtemps hanté. Comme si il venait de baigner dans l’eau bénite qui l’aura changé à tout jamais et prêt à affronter les surprises du dehors. Que Nick Cave soit loué !

Note: 8.5/10