Superpoze – Opening

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La première fois que j’avais entendu parler de Superpoze, c’était au Festival Fnac Live de 2013. Un dimanche ensoleillé, un petit jeune de 20 ans s’était installé sur la scène du Parvis de l’Hôtel de Ville avec sa MPC et nous avait présenté ses titres époustouflants. Et depuis que j’ai assisté à ce set, je me suis dit que ce petit ira très loin. Alors, je me suis rué sur son Bandcamp afin d’écouter ses premiers EP notamment Jaguar, From The Cold et Pavane, et c’est dire de la claque que je me suis pris après cela.

Le surdoué caennais Superpoze (de son vrai prénom Gabriel) est devenu la référence en matière de beatmaking made in France. C’est un peu grâce à lui que l’on connaît pas mal d’autres beatmakers talentueux comme Fakear, Thylacine, Stwo et j’en passe… A seulement 22 ans, il a monté son propre label Combien Mille Records avec l’aide de ses amis et comprenant entre autres le groupe SAmBA De La mUERTE et le duo Kuage (composé de Superpoze et d’Adrien de SAmBA De La mUERTE). Après nous avoir gâtés d’EP succulents, dont le dernier en date était un EP collaboratif avec le patron de la future bass Stwo nommé Untitled/Late, et d’apparitions remarquées (l’addictif « Perles de Tapioca » sur le troisième volet de la compilation La Boulangerie de La Fine Equipe), l’heure est venue au premier album pour le caennais cette année: Opening.

Composé presque intégralement au piano selon les dires de son auteur, Opening constitue une rupture avec ses productions précédentes en délaissant pour de bon les beats hip-hop mélangés à une électro expérimentale et accompagnés de voix saccadés pour une musique électronique instrumentale épurée, rêveuse et vaporeuse. Comme l’indique son titre, il s’agit d’une ouverture à une nouvelle ère et à de nouvelles aventures pour le jeune homme. Le changement est radical mais vaut énormément le détour: dès le morceau-titre d’ouverture, nous voilà embarqué dans un voyage sonore éblouissant avec des nappes cotonneuses et lyriques. On est en droit à penser à du Air, Rone, Saycet ou même à Massive Attack pour son atmosphère à la fois sombre et onirique.

Il serait presque inutile de faire un descriptif détaillé des huit titres qui composent Opening car ils forment un ensemble cohérent: un ensemble où l’on traverse, avec notre casque dans les oreilles, de multiples paysages tantôt lunaires, tantôt ensoleillées, tantôt pluvieuses, tantôt enneigées sans jamais décoller le cul de notre chaise. Mais parmi les huit titres qui sortent du lot, je citerais tout de même « Time Travel » qui possède des airs de Daft Punk période Homework mais avec la sauce Superpoze qui va avec, tout comme la deep house « Ten Lakes » qui sont les deux seuls titres qui font un peu taper du pied. Il suffit des sublimes notes de piano de « Movement » et de la beauté grandiose de « Home Is Where I Am » pour être convaincu du talent incommensurable du jeune homme. Je serais tenté de mettre un 10 sur 10 à ce premier album épique si il y aurait quelques titres supplémentaires de la même trempe mais qu’importe, Superpoze a acquiert une étonnante maturité pour accoucher d’une oeuvre organique, dense et intense qui perdure à chaque écoute. Et rien que pour ça, Opening mérite totalement le titre du meilleur album électro de l’année 2015.

Note: 9.5/10