Nosaj Thing – Fated

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Depuis le succès de Drift en 2009, rien ne semble arrêter Nosaj Thing. Le DJ/producteur de Los Angeles d’origine coréen a connu la notoriété avec son second album Home en 2013, contenant entre autres l’envoûtant single « Eclipse/Blue » en duo avec Kazu Makino, chanteuse de Blonde Redhead. Cette fois-ci, il nous présente son troisième album Fated, toujours sur le label Innovative Leisure.

Nosaj Thing a déclaré qu’il souhaitait travailler dans l’urgence, préférant de loin le plaisir de la recherche de nouvelles sonorités, et c’est ce que l’on retrouve sur Fated. Certes, la patte du producteur est reconnaissable entre mille pour son ambiance à la fois aquatique et spatiale comme pour ses prédécesseurs. Alors qu’Home laissait une grande sensation de plénitude, Fated est plus mélancolique. Dès le premier morceau « Sci », nous voilà complètement déconnectés du monde réel avec ses sonorités indus mêlées à une mélodie douce.

En écoutant donc ce troisième opus, on comprend finalement le sens de Fated (voué à l’échec en anglais), comme si Nosaj Thing arrivait à traduire ce sentiment de lassitude et de défaitisme en musique. Ce n’est pas non plus un disque hyper-badant qui donne envie de se jeter par la fenêtre, loin de là, mais derrière cette atmosphère triste et surréaliste dégage tout de même une certaine sensualité à l’image des instrumentaux « Let Me », « Moon », « Varius » ou encore « Medic ». La saga Light du producteur continue avec un « Light #5 » caractérisé par des pulsations en désescalade. Fated compte tout de même deux invités, à savoir Whoarei (producteur originaire de la Caroline du Nord ayant œuvré sur To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar) sur « Don’t Mind Me » ainsi que Chance The Rapper qui brille pour son interprétation magique sur « Cold Stares » où il se met dans la peau d’un addict à l’héroïne (« Bed, bed I rest in, not my own/These cover make me itch, hurt my head, head I question, not my own/These covers make me sick »).

Fated est loin d’être un disque voué à l’échec comme le prétend Nosaj Thing mais reste tout de même un disque bien cérébral et toujours aussi minimaliste comme on aime. A mi-chemin entre électro ambient, abstract hip-hop et glitch-hop, il réussit à concentrer un packaging d’émotions à travers des arrangements lancinants.

Note: 7.5/10