Blick Bassy est une vedette dans son Cameroun d’origine. Ses deux premiers albums étaient des joyaux folk bassa aérien mais passés quasi-inaperçus ici. En signant sur le label français No Format (Mélissa Laveaux, Vincent Segal & Piers Faccini, Kouyaté & Neerman…), le chanteur aura plus de chances de se faire connaître dans l’hexagone. La preuve avec ce troisième album intitulé Akö, sorti en avril dernier.
Pour ce troisième opus, Blick Bassy a plongé dans l’intimité de Skip James. L’itinéraire de ce fameux bluesman maudit originaire du Mississippi décédé en 1969 aura une forte influence sur la musique à la fois sereine, émouvante et parfois même inquiétante. Le songwriter camerounais y raconte des histoires de village, des traditions et de l’avenir, ose parfois le falsetto comme il se laissait guider par le spectre du regretté Skip James. Sur un disque estampillé No Format, on ne fait pas dans la demi-mesure. Les arrangements sont minimalistes mais classieux afin de bien capturer l’ambiance afro qui se dégage sur ce disque.
Les arpèges de guitare sont hypnotiques à souhait, le violoncelle gémit et le trombone résonne timidement. Bienvenue dans l’ambiance Akö où tout n’est que calme, exotisme et charme. Entre ballades lancinantes (« Ndjé Yem », « Lon », « Ndjèl ») et sursauts bluesy quelque peu rythmiques (« Wap Do Wap », « One Love », « Mama » ainsi que son petit frère jumeau « Moût »), il n’y a qu’un pas. Le voyage somptueux ne dure qu’une demi-heure mais est riche en émotions. Entre rhythm’n’blues, folk bissa et ambiance digne de la Nouvelle-Orléans, on ne peut qu’avoir la chair de poule avec Blick Bassy.
Note: 8.5/10