Beach House – Thank Your Lucky Stars

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Trop de surprises tue les surprises. Je me tue à le répéter sans cesse mais rien n’y fait, je cède à la tentation à chaque fois mais cette fois-ci pour Beach House. Alors qu’ils nous ont gâté avec leur cinquième Depression Cherry sorti en août dernier (lire la chronique ici), voilà qu’ils en remettent une couche avec un autre album intitulé Thank Your Lucky Stars. Ils ont bien caché leur jeu, le duo de Baltimore !

Personne ne s’en doutait mais en réalité Victoria Legrand et Alex Scally avaient composé beaucoup de chansons l’année dernière. Ceci a résulté d’un album Depression Cherry attendu en grande pompe et d’un autre que l’on attendait pas du tout. Et pour cause, Thank Your Lucky Stars fut écrit tout juste après Depression Cherry mais a été enregistré pendant les mêmes sessions. Le duo se vante d’avoir enfin trouvé le son qui leur correspondait le mieux sur cet album surprise qui est plus politique selon leurs dires. D’autant plus que ce n’est ni un album de faces B, de remplissages, de chutes de studio mais un véritable sixième album. Vont-ils combler les fans à nouveau ?

Si Depression Cherry a quelque peu refroidi les aficionados de Beach House sous conteste que « c’est la même chanson pendant 40 minutes bla bla bla… », Thank Your Lucky Stars varie un peu plus les sensations. La batterie de Bloom revient frapper un bon coup sur le magnifique titre d’ouverture « Majorette » agrémenté des arpèges de guitare magiques d’Alex Scally, des claviers doucereuses et de la voix toujours aussi envoûtante de Victoria Legrand. Puis c’est la boîte à rythme discrète qui revient faire son entrée sur les huit titres. Certains penseront que « She’s So Lovely » ressemble beaucoup à « Beyond Love » de Depression Cherry et que la quasi-shoegaze « One Thing » soit le « Sparks » de cet album mais il n’empêche que les compositions font véritablement mouche car plus dynamique. Et pour cause, Beach House sait comment envoûter ses auditeurs et ce de la plus belle des manières. Impossible de rester de marbre sur la cadencée et teigneuse « All Your Yeahs » ou avec des sonorités inédites comme l’espèce de clavecin sur « Common Girl » (dont la mélodie possède des airs de « On The Sea ») ou la valse morbide aux airs de bal jouée à l’orgue de « Somewhere Tonight » où Victoria Legrand a réussi à me faire tirer une larme. Mais si il y a une chanson qui sort du lot, c’est bel et bien « Elegy To The Void ». Introduite par des violons installant une ambiance dramatique digne d’une série américaine, la voix contemplative de Victoria Legrand surgit (« To your sons and daughters/Bending at the altar/Disappearing in the mirror ») pour implanter le décor avant que n’arrive la boîte à rythme et la guitare nerveuse d’Alex Scally qui rendent l’atmosphère plus étouffante.

Après plusieurs écoutes des deux disques, ma préférence ira plutôt à Thank Your Lucky Stars plus aventureux. Tout simplement parce que Beach House a su varier les plaisirs et les ambiances, et c’est exactement que l’on attendait d’eux. Ce nouvel album m’a carrément permis de réexaminer tout ce que je pensais de Depression Cherry deux mois plus tôt honnêtement. Mais toutefois je reste attentif car sait-on jamais, le duo de Baltimore pourrait nous sortir un plot-twist, du genre « au fait, les gars on avait aussi enregistré 9 autres chansons donc il y aura un autre album pour le mois de novembre/décembre. Bisous. ». N’oubliez pas, ils seront toujours en tête d’affiche du Pitchfork Music Festival le 29 octobre, c’est l’occasion rêvée de les applaudir et de les remercier pour ces étoiles chanceuses.

Note: 9/10