Les albums cultissimes Ys en 2006 et Have One On Me en 2010 ont permis à Joanna Newsom à accéder au panthéon de la musique actuelle. Avant-gardiste ? Décalée ? Nul ne le sait. Mais toujours est-il que la chanteuse/harpiste s’est élevée de la masse grâce à son originalité car elle ne fait jamais rien comme les autres. Depuis son dernier album Have One On Me, la jeune femme était bien occupée durant tout ce temps. La preuve cette année, elle a narré et joué dans le film complètement barré Inherent Vice, réalisé par Paul Thomas Anderson (avec une bande originale signée Jonny Greenwood) et a pu en même temps travailler sur son nouvel album Divers que voici, tout beau tout chaud.
L’artiste californienne anti-Lady Gaga, anti-Spotify et anti-bananes récemment mariée à l’hilarant acteur Andy Samberg (qui joue le détective Jake Peralta dans la série Brooklyn Nine Nine) a pris tout son temps pour peaufiner ce nouveau disque toujours aussi féerique et surréaliste. Contrairement à ses prédécesseurs, Divers opte pour une structure plus classique et plus pop qu’à l’accoutumée: 11 titres pour 51 minutes de bonheur avec en prime la participation de l’Orchestre Philharmonique de Prague sur certains morceaux. Musicalement, la chanteuse et harpiste ne change pas d’un iota sa formule magique et quelle joie de retrouver le son de sa harpe qui s’accorde aux notes de piano sur le titre d’ouverture enchanteur « Anecdotes » et sa voix bien familière qui clame: « Sending the first scouts over/Back from the place beyond the dawn ». Nous voilà replongé dans un conte de fées.
Si l’on retrouve bel et bien son instrument de prédilection qu’est la harpe sur le vibrant « Leaving The City », Joanna Newsom a plutôt privilégié le piano notamment sur les valses « Sapokanikan » et « Waltz On The 101st Lightborne » (avec même un accordéon qui tape l’incruste) aux ambiances presque médiévales ou même le clavecin sur l’intrigant « Goose Eggs ». Et bien que Divers se démarque de ses prédécesseurs par sa jovialité, la mélancolie ne s’est pas dissipée pour autant notamment sur la ritournelle piano/voix de « The Things I Say » ainsi que sur le morceau-titre, « A Pin-Light Bent » et « Same Old Man » où la harpe revient au premier plan..
Quatrième album et quatrième classique d’affilée pour Joanna Newsom avec ce Divers bien fantaisiste. A mi-chemin entre pop baroque et folk pastorale, elle sait peaufiner chaque détail pour bien nous emporter dans un voyage fantastique où tout est possible. Comme l’avait parfaitement souligné Jenn Wasner de Wye Oak, « c’est pas le genre de musique que t’écouteras dans un bar ou pendant que tu discutes avec des potes, mais c’est plutôt le genre de musique qui demande de la patience et de l’attention […]. Divers, à la fois passéiste et futuriste, est surtout une méditation sur le temps lui-même. » Et une fois après avoir palpé le message, nous voilà aux anges après.
Note: 9/10